Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Conserver/attendre

La croissance du groupe est molle depuis quelque temps, et le 3etrimestre est une nouvelle confirmation de ce phénomène. Cette évolution plane se reflète dans l’évolution de cours du groupe, qui commercialise plus de 500 marques et même 16 blockbusters, soit des produits produisant un chiffre de vente annuel de plus d’un milliard USD, comme Coca-Cola, Fanta, Sprite, Minute Maid, Nestea… L’action s’échange autour de 40 USD depuis plusieurs années. Une comparaison avec l’indice S&P500, par exemple, est peu flatteuse pour le producteur de boissons : ces trois dernières années, un investissement dans Coca-Cola aura rapporté quelque 35% de moins qu’un fonds indiciel américain greffé sur le S&P500. Et que dire d’une comparaison avec ABInBev, par exemple ? La sous-performance deCoca-Cola atteint 75%, et le groupe belgo-brésilien affiche désormais une plus grande capitalisation boursière que Coca-Cola. Même le principal actionnaire Warren Buffett (actionnaire depuis 20 ans et consommateur fanatique de Cherry Coke) ne peut plus se satisfaire de la performance de l’action Coca-Cola. Le groupe a clairement perdu son aura de croissance. Les analystes tablent en moyenne sur un chiffre d’affaires (CA) de 44,9 milliards USD cette année, à comparer aux 48,0 millions USD en 2012. Toujours selon les analystes, le bénéfice par action s’élèvera à 2,00 USD en 2015, contre 2,01 USD en 2012, 2,08 USD en 2013 et 2,04 USD l’an dernier. Au 3etrimestre, son CA a reflué de 4,6%, à 11,4 milliards USD, ce qui est du reste inférieur au consensus des analystes de 11,6 milliards USD. Heureusement, le bénéfice récurrent (hors éléments exceptionnels) par action s’est révélé, à 51 centimes de dollar, 1 centime supérieur aux prévisions moyennes des analystes. L’intérêt croissant pour une alimentation saine dans le monde occidental pèse sur la consommation de boissons réputées moins bonnes pour la santé, très sucrées. Diet Coke, Coca-Cola Light, Coca-Cola Zero, etc., ne compensent qu’en partie ce phénomène. En outre, les consommateurs sont plus économes désormais, ce qui les pousse vers des marques maison ou des boissons qu’ils produisent à la maison (Sodastream). Coca-Cola Company est également un acteur d’envergure mondiale dans les jus de fruits (notamment Minute Maid), l’eau (notamment Chaudfontaine, Viva, BonAqua), le thé (notamment Nestea) et est actionnaire du producteur de café Green Mountain. Le succès du leader sur le marché Innocent Smoothies (racheté en 2009) incite également le groupe à investir davantage dans des boissons et saveurs alternatives. Mais cette orientation n’a rien d’enthousiasmant et ne relancera pas la croissance. Ce groupe manque d’idées rafraîchissantes, d’une intervention cohérente de la direction. Ce pourrait être le défi ultime de la direction d’ABInBev et de Jorge Paulo Lemann (cofondateur de 3G Capital) une fois que l’acquisition de SABMiller sera digérée… Les marges d’ABInBev sont jusque 50% supérieures à celles de Coca-Cola Company.

Conclusion

A 20 fois le bénéfice attendu et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flows opérationnels (EBITDA) de 17, la valorisation semble toujours élevée. Mais des marges d’amélioration existent du côté de la rentabilité. De plus, le groupe n’est plus une forteresse imprenable après les performances médiocres de l’action ces dernières années. Nous préférons cependant abaisser notre conseil.

Conseil: conserver/attendre

Risque: faible

Rating: 2A

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