Retrouver de la fraîcheur

L’avantage, lorsque l’on aborde le cas Coca-Cola Company, c’est que tous les lecteurs savent immédiatement de quoi il s’agit. Sans doute la plupart d’entre vous sont-ils même consommateurs quotidiens des produits du groupe, car le géant américain des boissons fraîches a conquis le monde. Coca-Cola est même depuis 1886 une des success-stories américaines les plus emblématiques, avec plus de 500 marques dont 16 blockbusters, des produits dont les ventes annuelles dépassent 1 million USD. Des noms comme Coca-Cola, Fanta, Sprite, Minute Maid, Nestea… sont connus d’à peu près tout le monde. Et les nombreux articles négatifs parus dans la presse ces derniers jours à propos du numéro 1 mondial des boissons rafraîchissantes – au point de créer l’image d’un groupe en crise – sont d’autant plus surprenants. Ils ont d’ailleurs pesé sur le cours de Bourse, qui ne se trouve pas très loin d’un plancher annuel. Par exemple, une comparaison entre les performances de l’action Coca-Cola et de l’indice S&P500 ne serait pas du tout favorable au groupe d’Atlanta. L’an dernier, une action Coca-Cola a rapporté 24% de moins qu’un fonds indiciel américain. Et sur trois ans, l’écart atteint même 27%. Alors qu’historiquement, l’actionnaire Coca-Cola pouvait compter sur un rendement supérieur à la moyenne. Même le principal actionnaire Warren Buffett (qui a acheté sa participation il y a exactement 20 ans cette année) s’en est ému et a parlé de suffisance. Il est vrai que le groupe a perdu son aura de croissance avec un chiffre d’affaires (CA) en baisse depuis 4 trimestres d’affilée. La croissance en volume (1% pour le 4e trimestre et 2% pour 2013, contre encore une croissance de 4% en 2012) est nettement inférieure à la moyenne à long terme. La dépréciation des monnaies de nombreux pays émergents (47% du CA du groupe) a naturellement exercé une influence négative, mais les problèmes semblent plus tenaces sur les marchés matures. L’attachement croissant des consommateurs à leur santé dans le monde occidental affecte la consommation de sodas réputés “mauvais” en raison de leur teneur en sucre élevée. Diet Coke, Coca-Cola Light et autres Coca-Cola Zero compensent en partie ce phénomène, mais dans ce segment aussi, les ventes ont stagné l’an dernier (43% sans sucre). L’importance croissante donnée au prix pousse les consommateurs vers des marques de distributeurs, voire des sodas “maison” (voir le succès de Sodastream). Certes, les Américains se diversifient depuis des années vers d’autres boissons NARTD (Non-Alcoholic Ready to Drink), mais ils doivent aussi passer à la vitesse supérieure sur ces marchés. Coca-Cola Company est notamment un acteur d’envergure mondiale dans les jus de fruits (notamment Minute Maid), l’eau minérale (notamment Chaudfontaine, Viva, BonAqua), le thé (notamment Nestea) et a récemment acquis une participation dans le producteur de café Green Mountain. Le succès du leader sur le marché Innocent Smoothies (acheté en 2009) incite également le groupe à poursuivre ses investissements dans les boissons et saveurs alternatives. Une “machine à soda” qui permettra au consommateur de préparer lui-même ses Coca-Cola, Fanta… arrivera également dans les rayons d’ici à fin 2014. Par ailleurs, un programme d’économies doit réduire les coûts de 1 milliard USD d’ici à 2016, pour redresser la rentabilité. Simultanément, la poursuite du programme d’achat d’actions propres doit préserver l’évolution positive du bénéfice par action.

Conclusion

Avec des cash-flows libres de 8 milliards USD par an, Coca-Cola doit être capable d’innover et d’acheter de la croissance supplémentaire. A 18 fois le bénéfice attendu et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de moins de 14, l’action s’échange 15% sous sa valorisation moyenne de ces 5 dernières années. D’où le relèvement de l’avis et l’introduction dans notre Sélection, ce qui fait de Coca-Cola un candidat pour le portefeuille modèle.

Conseil: digne d’achat

Risque: faible

Rating: 1B

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