Ce rare or bleu

. © Ryan Mattis/Arrc Media

Vu l’ampleur des besoins en eau et les menaces de pénurie, on peut attendre des actions du secteur des performances supérieures à la moyenne au cours des années à venir.

Quelque 71 % de la superficie de la Terre est couverte d’eau, d’où son surnom de ” planète bleue “. Chaque organisme sur terre se compose au moins pour moitié d’eau. Pourtant, les experts évoquent de plus en plus des risques de conflit armé, voire de guerre de l’eau, et le manque d’eau potable disponible est considéré comme un des plus grands défis auxquels le monde sera confronté au cours des décennies à venir.

Au total, la Terre renferme environ 1,4 milliard de kilomètres cubes d’eau. Malheureusement, 97% de toute cette eau est salée, et donc impropre à la consommation. Les 3% restants sont de l’eau douce (comme l’est généralement l’eau des rivières ou de la nappe phréatique). Mais sur ces 3%, 2% sont enfermés sous les calottes glaciaires ou dans des glaciers. De facto, à peine 1% de l’eau disponible sur Terre peut être bue ou utilisée dans l’agriculture et l’industrie, et à peine 0,26% est directement accessible.

Consommation croissante

Depuis 1900, la consommation mondiale d’eau a été multipliée par neuf. D’une part en raison de la croissance explosive de la population mondiale, mais aussi en raison de l’augmentation de la richesse qui accroît considérablement la consommation moyenne d’eau par habitant. Un Belge moyen a besoin de plus de 7400 litres d’eau par jour. C’est nettement plus que la moyenne mondiale qui fluctue à proximité de 4000 litres par personne et par jour, soit 1.385.000 litres par terrien et par an.

Avant que vous ne vous étouffiez dans votre café, sachez que sur ces 7400 litres, la consommation journalière des ménages se monte à 120 litres ” seulement “. Nous utilisons principalement l’eau pour le bain/la douche et la toilette. Ces deux activités prennent à leur compte deux tiers de notre consommation quotidienne et sont clairement les endroits où il est possible de réaliser les plus grandes économies. La machine à laver et le lave-vaisselle comptent également parmi les plus grands consommateurs d’eau. En revanche, l’eau utilisée pour la cuisine, le nettoyage et le jardinage ne dépasse pas environ 10% de la consommation quotidienne.

C’est surtout notre alimentation et nos vêtements qui sont responsables de la majeure partie de notre consommation d’eau. L’agriculture prend à son compte plus de 70% de la consommation mondiale d’eau, et l’industrie, dont l’industrie textile, environ 15%. Les produits agricoles exigent d’énormes quantités d’eau, qui s’évaporent pendant leur cycle de croissance. La production d’un kilo de céréales, exige entre 1000 et 2000 litres d’eau selon la région. Chez nous, une tranche de pain (30 grammes en moyenne) nécessite 40 à 45 litres d’eau. Pour une portion de fruits et légumes d’environ 150 grammes, comptez sur 40 litres. Mais il y a bien plus glouton. Un kilo de riz nécessite aisément 2750 litres d’eau, une canette de Coca de 33 centilitres, 200 litres d’eau et une portion de 200 grammes de viande de boeuf, quelque 4.000 litres. Les boeufs engloutissent des quantités phénoménales d’herbe et d’aliments pour bétail au cours de leur vie. Et la plupart de ces aliments pour bétail (soja, maïs, manioc, etc.) proviennent des cultures qui exigent énormément d’eau. Pour produire un kilo de sucre à partir de betteraves sucrières, il faut environ 1000 litres d’eau. Une barquette de fraises de chez nous, en saison, nécessite 40 litres d’eau, et les fraises importées d’Espagne, hors saison, ont besoin de quelque 80 litres d’eau.

Source de conflits

Au moins un milliard de personnes sur Terre n’ont pas d’accès direct à de l’eau pure, potable ; 11% des Européens vivent dans des zones où l’on manque d’eau. Après un printemps très sec, la consommation d’eau des ménages et destinée à l’agriculture a même été limitée pendant une brève période en Belgique afin d’éviter toute pénurie. Dans cette optique, l’annonce que 180 millions de litres d’eau se perdaient chaque jour dans des fuites du réseau d’eau flamand est particulièrement perturbante. D’autant que 75% de l’empreinte d’eau belge se compose d’eau extérieure, parce que nous importons massivement des produits agricoles à forte intensité en eau.

La situation est encore bien plus grave dans d’autres régions. La liste des pays confrontés à des pénuries d’eau s’allonge. L’agriculture irriguée représente 45% de l’approvisionnement alimentaire mondial. Des millions d’agriculteurs ont foré des puits d’irrigation pour répondre à la demande croissante de denrées alimentaires. En conséquence de quoi le niveau d’eau des nappes phréatiques diminue et les sources présentent un risque d’assèchement dans 20 pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie. Et ces vingt pays accueillent environ la moitié de la population mondiale. La Chine est un des principaux producteurs de céréales au monde, et 130 millions de Chinois se nourrissent déjà de céréales produites dans le cadre d’une utilisation non durable de l’eau. La Chine héberge environ un quart de la population mondiale, mais ne dispose que de 6% des réserves mondiales d’eau pure, potable, et ne recycle encore que 20% de ses eaux usées.

Assisterons-nous, dès lors, à des guerres de l’eau ? Sans doute pas à court terme. Mais une recrudescence des conflits liés à l’eau paraît inévitable et on en constate déjà maintenant.

Investissement précieux

Rien que dans l’Union européenne, des investissements à hauteur de 150 millions d’euros seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour que les infrastructures hydrauliques répondent à nos besoins. Il ne faut dès lors pas s’étonner de ce que les entreprises actives dans le secteur de l’eau aient enregistré d’excellentes performances en Bourse ces dernières années. Il s’agit d’entreprises actives dans le dessalement de l’eau de mer, l’épuration des eaux, les infrastructures, etc.

Ainsi, le Standard&Poor’s Global Water Index affiche un return de 78% sur les cinq dernières années, ou un rendement moyen de 12,2% par an. Rien que cette année, l’indice affiche un gain de 18 %. Parmi les dix entreprises les plus performantes de cet indice cette année, épinglons Aalberts Industries (+29%) et Arcadis (+35 %), néerlandaises, ainsi qu’Alfa-Laval (+30 %), suédoise.

Ceux qui veulent miser de manière globale sur les actions liées à l’eau peuvent se tourner vers une série de trackers et de fonds d’investissement spécialisés. Les fonds les plus connus en Belgique sont KBC Eco Fund Water et Pictet Water. Le fonds de Pictet est le plus grand et le plus ancien lié à l’eau.

Les deux trackers les plus connus dans ce segment sont le Guggenheim S&P Global Water ETF et l’iShares Global Water UCITS ETF.

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