Avantium porteuse de trop d’incertitudes

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Un abonné a voulu connaître notre avis sur Avantium, la petite nouvelle sur Euronext Amsterdam et Euronext Bruxelles depuis la mi-mars. À ce stade, nous éviterions l’action.

Cette entreprise néerlandaise née de la scission de Royal Dutch Shell en 2000 est une pionnière de la chimie renouvelable. Elle a développé la technologie ” YXY “, qui permet de fabriquer des produits chimiques et des plastiques à base de sucres végétaux (fructose). Avantium mise surtout sur le PEF, une solution 100% recyclable qui remplacera les granulés en PET (fabriqués à base de produits pétroliers et utilisés pour la production de bouteilles PET en plastique) et d’autres formes d’emballages comme l’aluminium, le verre et le carton. Outre les avantages sur le plan écologique, le PEF offre une meilleure protection contre les infiltrations de gaz et nécessite des quantités moindres de matières premières parce qu’il est plus robuste. La voie vers la commercialisation est toutefois encore longue.

En 2016, les Néerlandais ont constitué à cette fin une joint-venture avec le géant allemand de la chimie BASF (Synvina), dans laquelle Avantium détient une participation de 19%. L’entrée en Bourse (IPO) devait avant tout servir à boucler le financement de Synvina. Pour l’instant, l’objectif est de prendre une décision en 2018 sur la construction ou non d’une usine d’une capacité de production annuelle de 50.000 tonnes (coût : entre 275 et 325 millions d’euros). En cas de décision positive, la production commerciale pourra commencer en 2021. L’IPO a permis à Avantium de récolter 103 millions d’euros par l’émission de 9,4 millions d’actions (dont 9,35 millions de nouvelles) au cours de 11 euros. Les investisseurs privés ont fait montre d’un grand intérêt et se sont vu attribuer environ deux fois plus d’actions que prévu initialement (1,67 million d’actions). L’essentiel du capital collecté à cette occasion (65 à 75 millions d’euros) a été mis en réserve pour la libération de la participation dans Synvina.

En outre, Avantium investira 15 à 20millions d’euros dans des projets liés aux deux produits chimiques renouvelables les plus avancés : le projet Zambezi (production de fluide de refroidissement à partir de glucose) et le projet Mekong (production de glucose à partir de biomasse non alimentaire). Un site de production pilote sera construit pour les deux projets au cours des deux prochaines années. Avantium a aussi des partenariats, notamment avec Coca-Cola, Danone et le groupe japonais Mitsui.

L’entreprise est encore structurellement déficitaire et le restera au cours des années à venir. Si sa technologie est prometteuse, elle est encore porteuse de nombreuses incertitudes, et des financements supplémentaires sont nécessaires à terme. C’est pourquoi nous éviterions l’action. La cotation a très bien débuté avec un pic à 11,24euros le premier jour des négociations, mais depuis, l’action s’échange sous le prix de l’IPO.

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