L’amour du sport

Vous ne pourrez plus nous reprocher notre manque d’intérêt pour les (meilleures) actions allemandes. Après Henkel et Fresenius SE , voici en effet une troisième action allemande de qualité en autant de semaines. Avec un principe identique : tirer profit d’un léger “accès de faiblesse” de la Bourse. Depuis le début de cette année, Adidas est même l’action la moins performante de l’indice DAX (-18%). Le contraste est flagrant par rapport à ces dernières années. L’action affiche par exemple un rendement de 196% ces cinq dernières années, soit un rendement annuel moyen de 24,7%, contre 16,1% pour le DAX. Depuis son entrée en Bourse en 1995, le return s’établit à environ 850%, contre 325% pour l’indice DAX. Tous les fans de sport connaissent l’histoire des frères Adolf et Rudolf Dassler, qui ont commencé à fabriquer des chaussures ensemble à Herzogenaurach (Bavière), avant de se disputer peu après la Deuxième Guerre mondiale et de créer chacun leur entreprise en 1949 : Rudolf a lancé Puma et Adolf a donné à son entreprise son surnom, Adi Dassler. Adidas est rapidement devenu la marque aux trois bandes à succès que nous connaissons aujourd’hui, notamment grâce à une part de marché dominante dans le football et l’athlétisme. Mais à mesure que le XXe siècle avançait, la concurrence de la marque de sport américaine Nike s’est faite de plus en plus pressante, y compris dans le football et l’athlétisme. En 1997, Adidas a racheté le groupe français Salomon Group pour percer dans les sports d’hiver et le golf. L’opération n’a pas été un succès total, les activités dans les sports d’hiver restant déficitaires. Elles ont été revendues en 2005. Le produit de la vente a permis à Adidas de renforcer sa position sur le marché mondial avec l’acquisition, en 2006, du groupe américain Reebok. Depuis, l’entreprise a à nouveau le vent en poupe et dispose notamment de trois marques d’envergure mondiale avec Adidas, Reebok et TaylorMade (golf). Adidas et Nike sont aujourd’hui les deux acteurs dominants sur le marché de croissance de l’équipement sportif, notamment parce qu’ils ont lourdement investi dans des lignes de vêtements (de loisirs) de tous les jours. L’année dernière n’a pas été la plus mémorable de l’histoire du géant allemand du sport avec une baisse du chiffre d’affaires (CA) de 2,6% à 14,5 milliards EUR. Mais grâce à une marge record, le bénéfice par action a progressé de 3,79 à 4,01 EUR par action (contre à peine 1,25 EUR par action en 2009). Le cours s’est cependant retrouvé sous pression en raison de prévisions prudentes pour cette année, que la direction impute principalement aux pertes de change par rapport à l’euro. Le groupe mise sur un bénéfice net compris entre 830 et 930 millions EUR (839 millions EUR en 2013), sur la base d’une marge d’EBIT stable de 8,5 à 9% (8,7% pour 2013). En 2005, il avait présenté, avec “Route 2015”, un plan de croissance très ambitieux avec notamment la volonté de réaliser la moitié du CA dans les pays émergents en 2015, mais aussi d’atteindre une marge d’EBIT de 11%. La direction doit à présent reconnaître qu’il n’est plus certain du tout d’atteindre ces objectifs. Sa prudence était particulièrement étonnante pour une année qui sera marquée par un événement sportif majeur avec la Coupe du monde de football au Brésil. Adidas est en effet un partenaire de longue date de l’UEFA et de la FIFA, et fournit même le ballon officiel de la Coupe du monde depuis 1970. Après le Jabulani en Afrique du Sud 2010, c’est aujourd’hui le Brazuca pour le Brésil 2014. L’Espagne, champion du monde sortant, et les favoris argentins (avec l’icône Adidas Lionel Messi) et allemands joueront également en Adidas. La progression sera peut-être moins rapide qu’espéré cette année et l’an prochain, mais Adidas reste une valeur de croissance.

Conclusion

Adidas est une action de croissance de qualité. A 17,5 fois les bénéfices attendus pour 2014 et moyennant un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de moins de 10, la valorisation est inférieure de 15% à la moyenne de ces quatre dernières années, et un tiers moins élevée que celle de Nike, traditionnellement plus chère. Nous relevons l’avis et passons un ordre pour le portefeuille modèle.

Conseil: digne d’achat

Risque: réduit

Rating: 1A

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