Vodafone

Fin du mariage de convenance

2,10 GBp – 2C Digne d’achat sur repli

Depuis quelque temps, le plus grand opérateur mobile d’Europe entend se délester des nombreuses participations minoritaires dans des sociétés où il n’a pas voix au chapitre par rapport à la politique de dividende. Ces dernières années, plusieurs participations ont déjà été revendues. Mais jusqu’ici, la plus grande participation minoritaire a été maintenue : il s’agit des 45% détenus dans Verizon Wireless, le plus grand opérateur mobile des Etats-Unis, qui compte plus de 100 millions de clients. A l’exercice passé, Verizon Wireless contribuait à plus de moitié au bénéfice opérationnel de Vodafone. La société mère Verizon Communications, qui conserve 55% de la joint-venture mobile, fait la cour à Vodafone depuis longtemps déjà. Au début de ce mois, Verizon a décidé de mettre finalement sur la table 130 milliards USD ou 98,5 milliards EUR pour la participation que détient Vodafone dans la joint-venture. Les Britanniques font assurément une bonne affaire, car le groupe a déboursé à peine 20 milliards USD en 1999 pour la participation et perçu depuis lors un total de 15 milliards USD sous la forme de dividendes. La relation entre Verizon et Vodafone s’apparentait davantage à un mariage de convenances, les deux parties devant tenir compte l’une de l’autre à tout moment, ce qui donnait souvent lieu à des frictions. Vodafone n’était plus intéressé par le marché américain en raison de la pénétration mobile déjà très élevée et de la vive concurrence. Le prix d’achat représente 7,9 fois l’EBITDA ou cash-flow opérationnel, ce qui est généreux compte tenu des valorisations sectorielles. Verizon verse 58,9 milliards USD en liquidités et 60,2 milliards USD en actions Verizon. Les 10 milliards USD restants sont acquittés sous la forme d’autres actifs. La participation minoritaire (23%) de Verizon dans Vodafone Omnitel (Italie) est notamment transférée. La principale question qui se pose parmi les investisseurs porte sur la manière dont Vodafone utilisera ces fonds. Une partie (71%) sera reversée aux actionnaires sous la forme d’un superdividende. Cela dit, il ne s’agira pour partie que d’un dividende en liquide. Vodafone utilisera en effet également les actions reçues comme monnaie d’échange. Le risque de repli de cours de Verizon se concentre principalement sur les actionnaires. Au cours des trois prochaines années, près de 10 milliards USD seront investis dans les réseaux mobiles et à large bande. La moitié de ce montant doit servir à l’amélioration des réseaux 4G rapides et à les étendre. En outre, 5 milliards USD d’impôts doivent également être payés aux Etats-Unis et la dette sera allégée de 20 milliards USD. Le solde disparaît dans le trésor de guerre du groupe, qui sera affecté aux acquisitions futures. Jusqu’à récemment, Vodafone était un acteur mobile pur. Compte tenu des revenus inférieurs dégagés sur la téléphonie mobile et de la pression constante sur les prix, Vodafone va désormais également proposer des services Internet et de télévision numérique. L’achat, en juin, de Kabel Deutschland, cadre dans cette stratégie. Nous pouvons supposer que les acquisitions futures viseront plutôt le segment Internet et de la télévision. Le Wall Street Journal et certains analystes pensent savoir que Vodafone a déjà jeté son dévolu sur rien de moins que Liberty Global, le holding mère américain de Telenet, notamment. Affaire à suivre !

Depuis la nouvelle vague de spéculations apparue au printemps dernier, le titre Vodafone a enchéri d’un quart. Personne ne doute que les Britanniques ont perçu un prix intéressant pour leur participation aux Etats-Unis, mais on se demande à présent ce qu’ils comptent faire de ces capitaux. Le marché craint évidemment des acquisitions trop coûteuses. La croissance des marchés émergents et une diversification ultérieure constituent les principaux défis du groupe. Vodafone s’échange à 11 fois le bénéfice escompté pour l’exercice prochain et 1,4 fois sa valeur comptable. Vodafone ne participe pas encore à la tendance du secteur, qui consiste à réduire les dividendes. Son rendement de dividende s’élève encore à 5,3% bruts. Les investisseurs préféreront attendre un repli, après la récente réaction de cours euphorique, pour acheter (rating 2C).

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