Vivendi, la dernière oeuvre d’art de Vincent Bolloré

Vincent Bolloré © BELGA IMAGE

Vincent Bolloré a annoncé qu’il quitterait son poste de directeur et passerait le flambeau à son fils le 17 février 2022, le jour où le groupe Bolloré fêtera son 200e anniversaire. Nous sommes convaincus que le holding mise sur des tendances prometteuses à long terme.

Mais avant de passer le flambeau, l’homme d’affaires français âgé de 65 ans entend réaliser un dernier coup de maître : la création d’un géant des médias, avec Vivendi, désormais la participation la plus importante de Bolloré.

Une vive résistance

Le reste du monde pourrait bien mettre tout en oeuvre pour l’empêcher de réaliser son dernier rêve professionnel. Les politiques, législateurs, managers, actionnaires minoritaires, etc., opposent une grande résistance au projet de créer un acteur prédominant dans la télévision, la communication, la musique et les jeux vidéo en France et en Italie. Depuis qu’il a commencé à accumuler une participation dans Vivendi (actuellement 20,4%), Bolloré a déjà dépensé plus de 42 milliards d’euros à l’achat de plusieurs actifs, sans donner encore de forme précise à l’ensemble. Nombre de ces achats se sont opposés à une vive résistance. Le principal reproche adressé à Vincent Bolloré, l’un des investisseurs les plus en vue de France, est que ses actions ciblent la prospérité familiale, parfois au détriment des autres actionnaires.

Chez Vivendi, on pointe du doigt la fonte de la trésorerie confortable de 8 milliards d’euros à 0,5 milliard d’euros, notamment parce que la société de médias a racheté la participation de 60% dans Havas à Bolloré, une transaction d’une valeur de 2,32 milliards d’euros (y compris un versement de dividende de 2,36 milliards d’euros). L’une des conséquences est que Vivendi est à présent totalement consolidé dans la comptabilité du groupe. Ce qui a un effet important sur les chiffres. Pour le déploiement ultérieur du géant des médias, Bolloré s’est du reste également brouillé avec les autorités italiennes et l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi au sujet des participations accumulées par Vivendi dans Telecom Italia (24%) et Mediaset (29%). Les avances de Vivendi à l’égard du spécialiste des jeux vidéo Ubisoft n’ont pas davantage plu aux actionnaires familiaux historiques. C’est sûr, le groupe aura encore du pain sur la planche, mais il a encore plus de quatre ans devant lui pour régler la situation.

S’agissant du rendement de leurs actions Vivendi depuis que Bolloré est à bord, les actionnaires n’ont pas à se plaindre, cependant. La moyenne de 13 % par an ne dépasse certes pas celle de l’indice CAC 40, mais elle surclasse toutes les autres sociétés européennes de médias.

Vivendi prend le relais

La société de portefeuille n’a pas publié de rapport intermédiaire sur le troisième trimestre. Sur les six premiers mois, son chiffre d’affaires (CA) s’est accru de 42,5% (de 4,95 à 7,06 milliards d’euros). Pas moins de 1,91 milliard d’euros de CA supplémentaire provient de la pleine consolidation de Vivendi. La croissance organique (hors acquisitions ou désinvestissements, et à cours de change constant), à 5%, est nettement meilleure qu’en 2016. Au niveau des segments d’activités, la consolidation de Vivendi dans la comptabilité de Bolloré se traduit évidemment par une réduction sensible de la prédominance de la division Transport & logistique (Bolloré Logistics et surtout Bolloré Africa Logistics, le plus vaste réseau logistique d’Afrique). Son CA s’est accru de 2,9% (+3,8% de croissance organique), à 2,8 milliards d’euros (tout juste moins de 40% du CA du groupe). C’est la division Communications qui a généré le CA le plus important : 3,03 milliards d’euros ou + 173% (+4,4% de croissance organique; 43% du CA du groupe).

Le bénéfice opérationnel (Ebit) au niveau du groupe a progressé de 45% (de 305 à 443 millions d’euros), et la consolidation de Vivendi a donné lieu à un surcroît d’Ebit de 189 millions d’euros. Ce qui signifie malheureusement un repli organique du bénéfice opérationnel de 305 à 254 millions d’euros. La division Transport & logistique a, elle, vu son Ebit reculer de 255 à 246 millions d’euros (-3%). Quant à Bolloré Energie (deuxième distributeur de combustible domestique en France), elle affiche un net repli de son bénéfice (-62%!), de 25 à 10 millions d’euros. L’acompte sur dividende est maintenu à 2 centimes d’euro (0,02 euro) par action.

Nous estimons avoir ramassé Bolloré à un niveau proche de son plancher et sommes convaincus que le holding mise sur des tendances prometteuses à long terme. La solide hausse du cours de l’action, cette année, nous a cependant contraints à l’automne d’abaisser le conseil à ” conserver/attendre ” (rating 2B).

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 4,43 euros

Ticker : BOL FP

Code ISIN : FR0000039299

Marché : Euronext Paris

Capit. boursière : 12,94 milliards EUR

C/B 2016 : 31

C/B attendu 2017 : 31

Perf. cours sur 12 mois : +49 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +32 %

Rendement du dividende : 1,3 %

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