Vasco plonge avec le secteur bancaire

La dépendance de l’entreprise de sécurisation au secteur financier est encore très grande, et la sécurisation des applications, précisément, qui génère chez elle des marges plus élevées, mérite d’être plus largement développée. L’entreprise est tout de même rentable depuis 54 trimestres consécutifs et dispose d’une trésorerie abondante. À conserver.

Ce n’est généralement pas bon signe lorsqu’une entreprise publie ses résultats trimestriels avant la date prévue. C’est pourtant ce qu’a fait la société de sécurisation belgo-américaine Vasco Data Security. Après un premier semestre plutôt décevant en comparaison avec l’an dernier, elle a revu à la baisse ses prévisions de chiffre d’affaires (CA) et de bénéfice pour l’ensemble de l’année 2016. Il y a trois mois, Vasco tablait encore sur un CA compris entre 205 et 215millions de dollars (USD). Cette fourchette de CA a désormais été abaissée à 185 à 195millions USD. Mais le repli des ventes n’est pas une mauvaise nouvelle à proprement parler; il était prévisible. Après le premier semestre, le CA de Vasco s’est établi à 101,1millions USD, 21% de moins qu’en 2015. L’an dernier, l’entreprise avait encore réalisé un CA record de 241,2millions USD et avait en outre signé un contrat important avec Rabobank. Plus spécifiquement, il s’agissait d’une importante commande de matériel, qui n’a pas été renouvelée cette année. Les analystes et investisseurs avaient espéré un meilleur second semestre 2016 mais les prévisions de CA ont anéanti ces espoirs. Vasco table, pour le trimestre courant, sur un CA compris entre 42 et 44millions USD, contre un consensus à 51millions USD. Les chiffres trimestriels définitifs ont été publiés le 27octobre. La direction explique la moins bonne situation par les cycles de vente plus longs en Europe. Les difficultés du secteur bancaire sont connues depuis longtemps, mais elles ont clairement aussi un impact sur les dépenses de sécurisation. Or le CA de Vasco dépend à 80% du secteur financier. L’entreprise compte parmi ses clients plus de la moitié des cent plus grandes banques mondiales. Elle assure toutefois que les commandes n’ont fait l’objet que d’un report et non d’une annulation. Les trimestres à venir l’attesteront (ou pas). La rentabilité est un autre élément décevant. Les dépenses opérationnelles ont progressé au premier semestre de 49% sur une base annuelle, à 66millions USD. Ce facteur, combiné à un chiffre d’affaires inférieur, a érodé largement les marges.

Vasco a investi encore dans la vente, le marketing et la recherche, et a également embauché davantage de personnel. Elle a inauguré du reste de nouveaux centres de données en Europe et en Australie. Le bénéfice opérationnel a reculé au premier semestre de 80%, à 6,5millions USD, ce qui représente une marge de 6% – contre encore 24% un an plus tôt. La direction n’a donc pas souhaité réitérer la prévision initiale de 10 à 12% pour l’ensemble de l’année. Sans tenir compte de l’amortissement du goodwill et de l’attribution d’options sur actions, les chiffres sont cependant un peu moins catastrophiques. Sur cette base, le bénéfice opérationnel a reculé de 63%, à 11,7millions USD. Aucun nouvel objectif n’a été donné pour 2016. Cela dit, la situation de Vasco ne doit pas être dramatisée. L’entreprise est tout de même rentable depuis 54trimestres consécutifs. Un autre au moins viendra donc s’y ajouter, puisque pour le dernier trimestre écoulé, Vasco anticipe à nouveau un bénéfice net (modeste).

Conclusion

Vasco est, selon nous, une entreprise prometteuse depuis longtemps mais dont le potentiel est généralement encore sous-estimé pour diverses raisons. Sa dépendance au secteur financier est encore très grande, et la sécurisation des applications, qui génère des marges plus élevées, mérite d’être plus largement développée. Forte d’une trésorerie nette de 135,9millions USD (3,4USD par action), Vasco est financièrement saine.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

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