Twitter

A la poursuite d’Icare

43,22 USD – 3D Ne pas acheter/attendre

Nous pouvons rassurer d’emblée les lecteurs qui ont le sentiment d’avoir laissé passer une belle opportunité avec l’entrée en Bourse de Twitter. L’Initial Public Offering ou IPO a été sursouscrite plus de 30 fois par les investisseurs institutionnels. La probabilité était donc extrêmement faible qu’un investisseur privé puisse mettre la main sur un paquet d’actions au prix initial de 26 USD. Le tour de l’investisseur “ordinaire” n’est venu qu’avec le début de la séance boursière. Sauf qu’à ce moment-là, l’action Twitter atteignait déjà plus de 45 USD. Cette hausse du cours était d’ailleurs écrite. Twitter a tout mis en oeuvre pour ne pas rééditer l’échec de l’IPO de Facebook en mai de l’an dernier. L’entreprise de San Francisco a opté pour le New York Stock Exchange (NYSE) au lieu d’un Nasdaq qui avait transformé l’entrée en Bourse de Facebook en gigantesque pagaille. En choisissant Goldman Sachs pour accompagner l’entrée en Bourse, Twitter s’est de plus assuré le concours du sommet absolu de la pyramide financière. L’action a clôturé la première séance en hausse de 53%, pour se stabiliser ensuite. Mais que penser de l’entreprise ? Elle existe depuis sept ans et compte environ 230 millions d’utilisateurs actifs, dont 100 millions qui utilisent le site chaque jour. A titre de comparaison : c’est plus de cinq fois moins que Facebook. L’an dernier, Twitter a essuyé une perte de 80 millions USD. Et après les trois premiers trimestres de l’exercice actuel, la perte cumulée atteint déjà 134 millions USD. La direction se garde bien de faire la moindre prévision sur le moment où l’entreprise deviendra enfin rentable. Les analystes les plus optimistes évoquent l’an prochain, mais le consensus fait toujours état d’une légère perte pour 2014. Son concurrent Facebook est d’ores et déjà bénéficiaire. Entre janvier et septembre, Twitter a réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 422 millions USD. Celui de Facebook est douze fois plus élevé. En moyenne, les analystes prévoient pour 2014 un CA annuel de plus de 1,1 milliard USD. Il reste donc beaucoup de pain sur la planche pour Twitter. Un point commun entre les entreprises est en tout cas que leurs revenus proviennent des publicités (mobiles). Facebook semble avoir déjà trouvé la formule du succès, mais cela n’est pas encore le cas de Twitter. Twitter a en tout cas fait preuve d’un grand sens du timing pour récolter plus de 1,8 milliard USD. Ces fonds seront investis dans la poursuite de la croissance et le recrutement de nouveaux utilisateurs qui devront à leur tour attirer des annonceurs supplémentaires. Pour cela, il sera nécessaire de développer un nouveau modèle de revenus permettant aux annonceurs d’exploiter au mieux les informations dont Twitter dispose sur ses utilisateurs. Si les messages publicitaires de plus en plus nombreux sur Facebook vous irritent, sachez que le même sort vous attend lorsque vous consulterez vos messages Twitter. Le talon d’Achille des médias sociaux est l’absence de propriété intellectuelle. Cette inquiétude est remontée à la surface après qu’IBM a accusé Twitter de violation de brevet le mois dernier. Twitter s’échange à plus de 20 fois le CA attendu de l’exercice prochain. Chez Facebook – devenue une success-story en Bourse après un début mitigé -, ce ratio atteint ” seulement ” 11. Les investisseurs prennent donc un énorme acompte sur le succès de Twitter, qui doit encore se confirmer.

Vu l’atmosphère spéculative qui plane au-dessus de l’action et le fait que nous attendions une volatilité supérieure à la moyenne, nous assortissons Twitter de la note de risque la plus élevée (D). Comme l’action n’était pas cotée auparavant, nous pouvons difficilement recommander de la vendre. C’est à Twitter qu’il reviendra de prouver la qualité de son modèle d’affaires au cours des trimestres à venir. Ne pas acheter et donc attendre (3D).

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