Tesla Motors

Très chère; vendre

La semaine dernière, Detroit a accueilli le North American International Auto Show, la grand-messe annuelle des constructeurs automobiles américains. Après plusieurs années de vaches maigres, le secteur se porte beaucoup mieux. General Motors (GM) s’est relevé après la faillite, et Ford sort de sa meilleure année depuis 2007. Autre constat étonnant : les ventes de SUV et utilitaires légers ont retrouvé leur niveau après un (léger) creux. A première vue, on pourrait y voir une évolution négative pour les vendeurs de véhicules plus sobres, en particulier les constructeurs de voitures électriques. Dans cette niche, le leader est Tesla Motors, pour l’instant la seule success-story dans ce segment du marché à être parvenue à prolonger sa réussite en Bourse. En septembre, le marché lui attribuait encore une valeur boursière de plus de 31 milliards USD, mais elle a entre-temps baissé à 24 milliards USD. Ce recul n’est cependant guère lié aux tendances évoquées ci-dessus, car le marché des véhicules électriques continue également à enregistrer une forte croissance. Tesla a dû revoir à la baisse ses prévisions de production pour 2014 et (à nouveau) différer le lancement d’un Model X à la fin de l’an dernier. Le directeur Elon Musk s’est également laissé aller à plusieurs déclarations percutantes en vue de peser sur le cours de l’action, avec un succès variable. En marge du salon automobile de Détroit, Elon Musk a de nouveau fait parler de lui en affirmant que l’entreprise ne serait réellement rentable qu’en 2022. Des déclarations qui ont fait l’effet d’une douche froide pour certains analystes qui avaient intégré des bénéfices dans leurs modèles de valorisation dès cette année. Elles doivent cependant être nuancées, car le bénéfice net est secondaire dans la phase actuelle de croissance de l’entreprise. Tesla pourrait être rentable d’un coup si le constructeur cessait ses lourds investissements en recherche et développement, mais ce n’est bien entendu pas l’objectif. Sur base opérationnelle, le constructeur de voitures électriques a gagné 0,78 USD par action en 2013. Les résultats de l’an dernier seront connus dans environ un mois, mais les analystes tablent en moyenne sur 0,6 USD par action. Sur les neuf premiers mois de 2014, le chiffre d’affaires (CA) a grossi de 60%, à 2,24 milliards USD. La perte nette s’est cependant creusée à 186 millions USD, contre 58 millions USD sur la même période il y a un an. Les prévisions de vente pour 2014 font état de 33.000 voitures. Le cap des 100.000 exemplaires doit être franchi cette année. Pour y parvenir, Tesla veut porter la production à plus de 2000 voitures par semaine d’ici à la fin 2015. Pour l’instant, le groupe ne propose que le Model S, mais le Model X serait lancé au 3e trimestre. Toute la production de 2015 a d’ailleurs déjà été vendue. Mais c’est le Model 3 (nom provisoire), moins cher – il coûtera entre 30.000 et 40.000 USD mais ne fera son apparition dans le show-room qu’en 2017 -, qui doit élever Tesla au rang de grand constructeur. Le groupe veut produire 500.000 voitures par an en 2020.

Conclusion

Même après la correction de ces derniers mois, l’action Tesla reste très chère. Pour l’instant et compte tenu de la phase de croissance de l’entreprise, c’est la perception du marché qui fait loi. Les déclarations d’Elon Musk doivent cependant être considérées comme un “wake-up call” pour les investisseurs.

Conseil: vendre

Risque: élevé

Rating: 3C

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