Tesla Motors

Conte de fée ou retour à la réalité ?

172,93 USD – 5C A vendre

L’histoire de Tesla Motors et de son flamboyant créateur Elon Musk se lit jusqu’à présent comme un conte de fée. L’introduction en Bourse remonte à juin 2010, il y a trois ans désormais. Au cours de cette période, l’action a progressé de 17 USD à près de 200 USD à la fin du mois dernier. L’ascension a commencé en avril, lorsque l’entreprise a publié un modeste bénéfice net de 11,2 millions USD, à la surprise générale. Un mois plus tard, elle procédait à une injection de capital de 1 milliard USD qui lui a permis de rembourser anticipativement un emprunt. Le 2e trimestre aussi a été marqué par un bénéfice net ajusté de 26 millions USD, alors que la marge brute progressait de 17% à 22%. Le chiffre d’affaires (CA ; 551 millions USD) dépassait également les prévisions moyennes des analystes. Résultat : la valeur boursière de Tesla atteignait 23 millions USD à la fin du mois dernier. à titre de comparaison, General Motors (GM), dont le CA est environ 100 fois supérieur, affiche une valeur boursière à peine un peu plus de deux fois plus élevée. Un constat qui a même amené Elon Musk (CEO de Tesla) à reconnaître publiquement que l’action était survalorisée. Cette année, Tesla va produire 21.000 voitures électriques. Chaque voiture est donc valorisée à environ 1 million USD, alors que le prix de vente moyen est plus de 10 fois inférieur. Chez les autres constructeurs de voitures de luxe comme Daimler et BMW, la valeur boursière par voiture construite est jusqu’à 40 fois plus basse. Dans le cas d’un groupe actif dans tous les segments comme GM, elle est même 200 fois inférieure. De plus, les prévisions des analystes en matière de bénéfices sont très divergentes. Pour cette année, elles fluctuent entre 0,4 et 1,1 USD par action. Pour 2014, la fourchette est encore plus large : entre 1 et 3,6 USD par action. Il faut également signaler qu’environ un tiers des véhicules sont vendus dans le cadre d’une formule de leasing : Tesla perçoit immédiatement l’intégralité du prix de vente auprès de la banque, alors que le client rembourse celle-ci. Tesla garantit cependant une valeur de reprise fixée à l’avance. Ce qui comporte un risque potentiel : l’entreprise essuiera en effet une perte si elle ne peut revendre la voiture rachetée au prix prévu, puisqu’elle devra verser le solde à la banque. Or il est impossible de prévoir l’évolution de la valeur de revente des véhicules électriques, car la technologie utilisée actuellement dans les batteries sera sans doute dépassée d’ici quelques années. Des obligations futures qui n’apparaissent pas dans les résultats financiers. Au cours du 1er semestre, le groupe a vendu 10.500 exemplaires du Model S. Ce modèle est accueilli à bras ouverts partout dans le monde, et a notamment été élu voiture la plus sûre de l’histoire aux Etats-Unis cette année. Mais cette réputation a été sérieusement écornée le mois dernier, lorsqu’une voiture a pris feu après que la batterie a été endommagée par un accident. L’action a plongé de 13% en une semaine. Le lancement du Model X, un cross-over, a été reporté à l’an prochain. Tesla a également demandé un brevet sur le nom Model E. Le groupe doit enfin mettre sur le marché un modèle grand public au plus tôt en 2017, à un prix inférieur à 35.000 USD.

L’action se négocie à un cours exorbitant selon tous les critères de valorisation classiques. C’était cependant déjà le cas lorsqu’elle s’échangeait à 100 USD, et cela n’a pas empêché le cours de presque doubler par la suite. Les investisseurs n’achètent pas l’action sur la base des résultats actuels, mais prennent un acompte sur une percée durable des véhicules électriques, tout en tablant sur le fait que Tesla continuera de jouer un rôle dominant sur ce marché, avec une part de marché et une rentabilité élevées. Un scénario très peu vraisemblable. La correction récente illustre que la valorisation actuelle contraint l’entreprise à la perfection : l’action est devenue très sensible à la moindre mauvaise nouvelle. Vendre l’action à découvert n’est pas sans risque, mais si vous avez Tesla en portefeuille, il est sans doute préférable de procéder à des prises de bénéfice (5C).

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