Suedzucker

Le redressement ne semble pas proche

L’avertissement sur bénéfice du groupe a causé des frayeurs aux analystes et aux investisseurs. Au point que le cours s’est tassé de 20% en une séance, ce qui ne s’était jamais produit depuis l’introduction en Bourse de 1998. Le marché européen du sucre est très caractéristique et encore cloisonné en grande partie. Cependant, en 2017, la donne est appelée à changer (profondément). Et le marché peine à s’y faire. Aujourd’hui déjà, l’incidence du marché mondial est bien plus grande depuis que la politique européenne en matière de subsides a subi une profonde restructuration. L’élément essentiel de cette politique est l’élaboration de quotas de sucre. En outre, la Commission européenne décide jusqu’ici des importations et exportations en dehors de ces quotas par saison, et cela aussi est appelé à changer. Suedzucker (Südzucker en allemand) est le plus grand producteur de sucre d’Europe. Il sait depuis longtemps que le prix du sucre connaît des hauts et des bas. Le groupe, depuis toujours contrôlé par une coopération de quelque 30.000 cultivateurs de betteraves sucrières, s’est dès lors diversifié ces dix dernières années vers le bioéthanol (via la filiale cotée Crop Energies, l’un des plus grands acteurs en Europe), les préparations à base de fruits (numéro 1 dans le monde), les concentrés de fruits (numéro 1 en Europe) et les spécialités (notamment numéro 1 en Europe de la pizza surgelée). En termes de chiffre d’affaires (CA), cette diversification est déjà bien avancée. Sur l’exercice 2013-2014 (clos le 31/3), le segment du sucre représentait encore la moitié du CA du groupe mais trois quarts du bénéfice opérationnel (EBIT). Ce qui suppose que ce segment est désormais nettement plus rentable que les fruits et les spécialités. Autrement dit, la diversification s’est organisée vers des activités dont la rentabilité est (plus) faible. Si les prix mondiaux baissent nettement en raison d’une suroffre de sucre et que les producteurs peuvent exporter moins en dehors des quotas, ceci aura un impact important sur le bénéfice du groupe. Et ceux qui pensaient que l’exercice 2013-2014 constituait à peu près le plancher doivent revoir leur copie. La direction du groupe a indiqué plusieurs fois que l’EBIT du groupe baisserait l’an dernier à 650 millions EUR, soit 1/3 de moins qu’à l’exercice précédent 2012-2013 (955 millions EUR). Ce chiffre a finalement atteint 542 millions EUR, incluant 116 millions EUR de frais exceptionnels. En termes de bénéfice opérationnel récurrent (REBIT; hors éléments exceptionnels), nous sommes donc arrivés à un niveau proche des 650 millions EUR. Mais ce n’est pas tout, hélas. Pour l’année 2014-2015 à peine entamée, la direction craint une baisse plus sévère du bénéfice opérationnel, à 200 millions EUR (-70% par rapport à l’exercice dernier) pour un CA de 7 milliards EUR (7,7 milliards EUR à l’exercice écoulé). La direction opérationnelle note que le marché européen du sucre se dégrade en raison des stocks élevés au sein de l’Union européenne, qui limitent considérablement, voire suppriment les chances d’exportation en dehors de l’Europe, des régions pourtant généralement nettement plus rentables.

Conclusion

Nous avons relevé trop rapidement notre conseil à “digne d’achat” il y a quelques mois. Cela dit, il s’agit toujours d’une action faiblement valorisée (à 0,4 fois son CA). Malgré une réduction de cours de moitié en un an, le redressement ne semble pas encore être proche. D’où notre abaissement de conseil.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

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