Services câblés d’Orange déficitaires

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La filiale du groupe français Orange a l’ambition de devenir un acteur de premier plan dans son secteur et de briser ainsi le duopole composé de Telenet et de Proximus. Elle n’y est pas encore. L’action est peu chère.

Lorsque l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) a ouvert le réseau câblé, en mai 2016, Orange Belgium en a profité pour étendre ses activités aux services câblés. Si le groupe a tenu sa promesse d’atteindre 100.000 clients au moins, ses activités de câblage restent déficitaires. Pour son offre Love, qui combine la télévision à large bande et l’Internet, Orange utilise le réseau câblé de Telenet en Flandre et celui de Voo en Wallonie. Il verse pour cela une rétribution comprise entre 26 et 27 euros par client, soit trop pour être rentable. L’an dernier, l’offre câblée d’Orange Belgium a attiré 69.000 nouveaux clients, portant le total à 103.000 abonnés. Mais sa part de marché ne dépasse toujours pas 3%, alors que Telenet et Proximus comptent plus de 1,5 million et 2 millions de clients respectivement. Le cash-flow d’exploitation (Ebitda) des services câblés s’établissait l’an dernier à -18,5 millions d’euros, et le groupe s’attend à une contribution négative cette année encore.

Orange espère beaucoup de l’IBPT, qui analyse actuellement le marché belge des télécommunications. Il appelle de ses voeux un abaissement substantiel (d’environ 10 euros par client) des tarifs, alors que Telenet et Proximus ne sont à l’évidence pas demandeurs. L’IBPT reconnaît en tout cas le risque que représente l’existence d’un duopole et souligne que les prix des offres conjointes sont en moyenne plus élevés en Belgique que dans le reste de l’Europe. Tout abaissement tarifaire ne produirait cela dit ses effets que l’an prochain au plus tôt. La diversification en direction du câble est une réponse à la perte de revenus sur la mise en location du réseau mobile – Telenet a transféré la quasi-intégralité de sa clientèle vers son propre réseau, ce qui a dès l’an dernier pesé sur le chiffre d’affaires (CA) d’Orange, étant entendu que l’incidence la plus marquée n’est pas encore tangible. Pour 2018, la perte de revenus est estimée à 30 millions d’euros, à quoi s’ajoutera la perte de revenus de l’itinérance (roaming).

Orange a par ailleurs attiré plus de clients mobiles que prévu, et son CA moyen par utilisateur a progressé de 3,2%, à 30 euros, en base annuelle. Cette évolution s’explique notamment par l’envolée de la consommation de données mobiles (+35%). En définitive, le CA du groupe n’a progressé que légèrement l’an dernier (+0,8%), à 1,25 milliard d’euros. L’opérateur table sur un CA plus élevé en 2018 également, grâce à l’augmentation du nombre de clients mobiles et câblés. L’Ebitda ajusté, de 302,2 millions d’euros l’an passé, devrait être compris entre 280 et 300 millions d’euros en 2018. La dette nette s’est allégée de 7,4% en glissement annuel, à 312,8 millions d’euros, soit un peu plus d’une fois l’Ebitda escompté. A 0,5 euro par action, le dividende est stable.

Conclusion

Orange Belgium ne parvient pas encore à briser le duopole formé par Proximus et Telenet. Ses récentes activités associées au câble sont déficitaires, et la donne n’est pas près de changer. Les services mobiles se portent cependant bien sur le plan opérationnel, et les dettes sont maîtrisées. A un peu plus de quatre fois l’Ebitda escompté, la valorisation est nettement inférieure à la moyenne du secteur. Réservé à l’investisseur patient.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 14,9 EUR

Ticker : OBEL BB

Code ISIN : BE0003735496

Marché : Euronext Brussels

Capit. boursière : 894 millions EUR

C/B 2017 : 22

C/B attendu 2018 : 18

Perf. cours sur 12 mois : -30 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -15 %

Rendement du dividende : 3,4 %

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