Seadrill

Digne d’achat mais non sans risque

Le secteur de la location d’installations de forage pétrolier en mer (offshore) traverse une période difficile. L’entreprise norvégienne Seadrill, qui appartient au top absolu de ce secteur, n’échappe pas au bain de sang causé par l’effondrement des cours du pétrole, et malgré un redressement de 40% depuis le plancher de mars dernier, l’action s’échange toujours 70% sous son niveau d’il y a 12 mois. Les grosses économies réalisées au premier trimestre ont certes permis à l’entreprise de publier un bénéfice net supérieur aux prévisions de 0,86 USD par action (consensus de 0,63 USD par action), mais elles n’ont pas empêché l’action de chuter à nouveau lorsque le directeur a prévenu que les conditions de marché resteraient très difficiles en 2016. Seadrill a nettement étendu sa flotte ces dernières années, passant de 31 plateformes fin 2009 à 51 aujourd’hui. De plus, 15 installations sont toujours en construction. Le montant encore à payer sur ces dernières s’élève à 4,3 milliards USD. En outre, 1,3 milliard USD de crédits arriveront à échéance en 2015 et 2016, et l’entreprise devra rembourser 1,8 milliard USD. Cela explique la décision brutale de supprimer le dividende généreux (4 USD par action sur base annuelle) en novembre 2014. Malgré le report de la livraison de neuf plateformes (entre 4 et 12 mois), dix plateformes seront encore livrées en 2015, trois en 2016 et deux en 2017. La direction négocie encore le report d’autres livraisons. Car à l’exception de West Mira – pour laquelle un contrat de cinq ans prendra cours en septembre 2015 -, aucun contrat n’a encore été conclu pour les nouvelles plateformes. De plus, les contrats de 70 plateformes en eaux (ultra-)profondes arriveront à échéance au cours des 12 prochains mois, sur un total de 240. Seadrill a ainsi vu trois plateformes se retrouver sans affectation au cours du trimestre écoulé, et le contrat de 5 plateformes en eaux profondes et de trois jack-ups ultraspécialisés (installation pour eaux peu profondes) arrivera à échéance cette année. En 2016, ce sera à nouveau le cas de 5 plateformes et de 8 jack-ups. Un élément positif pour la jeune flotte de Seadrill est la forte hausse des mises hors service définitives de plateformes en eaux (ultra-)profondes dans le secteur : 14 en 2014 et déjà 12 en 2015, le plus haut niveau depuis le début des années 1990. Cette tendance devra cependant encore s’amplifier pour rétablir l’équilibre sur le marché. Plusieurs des nouvelles plateformes de Seadrill avaient été réservées pour un nouveau partenariat entre la filiale North Atlantic Drilling et le groupe russe Rosneft. Malheureusement, les sanctions imposées à la Russie par les pays occidentaux l’an dernier ont perturbé ces projets. En février, le scandale qui frappe le géant pétrolier brésilien Petrobras a également contraint Seadrill à rayer deux contrats (valeur totale : 1,1 milliard USD) d’un carnet de commandes qui s’établissait à 15,7 milliards USD le 31 mars. La création de SeaMex Oleksy est en revanche une bonne nouvelle : cette joint-venture avec Fintech Advisory Inc hébergera 6 jack-ups de Seadrill.

Conclusion

A 5,2 fois le bénéfice attendu en 2015, 0,7 fois la valeur comptable et un ratio valeur d’entreprise/cash-flows opérationnels attendus pour 2015 de 6,6, l’action de Seadrill intègre une longue période de crise. Nous relevons cependant le profil de risque compte tenu des incertitudes liées aux programmes de construction.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating:1B

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