Polarcus

Le rééchelonnement de la dette et la dilution qu’elle a causée permettent à Polarcus de gagner du temps, mais ne lui offrent qu’un répit temporaire. L’entreprise norvégienne en grande difficulté peut ainsi tenir jusqu’en 2018, mais les conditions de marché devront s’améliorer dans l’intervalle pour lui permettre un redressement définitif.

Ces deux dernières années, le spécialiste norvégien des services sismiques en 3D a été particulièrement affecté par la forte baisse des cours du pétrole. La sismique est la première étape dans le processus d’exploration, et les mesures d’économies draconiennes décrétées par les majors pétrolières ont lourdement pesé sur le secteur. Le nombre de nouvelles missions a nettement baissé, tout comme les tarifs de location journaliers obtenus. La flotte mondiale s’est contractée de 41navires début 2015 à 26navires (la part de marché de Polarcus passant ainsi de 15% à 19%), mais la situation reste compliquée. Très endetté, Polarcus n’a réellement pris le taureau par les cornes qu’avec la désignation, en février 2015, de l’expérimenté Rod Starr au poste de directeur général. La base de coûts a été réduite de 75,8millions USD l’an dernier, soit 24%, par rapport à 2014. Le groupe compte économiser 7millions USD supplémentaires cette année. En outre, le bilan fragile a été consolidé en février, grâce à un rééchelonnement de la dette de grande ampleur qui a débouché sur l’émission de 463,5millions d’actions nouvelles. Avec 66,9millions d’actions existantes à ce moment, la dilution est considérable, mais inévitable. Les nouvelles actions ont en effet été distribuées aux détenteurs d’obligations, ce qui a réduit la dette de 351millions USD _ elle était ainsi retombée à 365millions USD fin mars 2016 _, alors que les remboursements annuels baisseront de 50millions USD en 2016 et 2017, et de 40millions USD en 2018. Polarcus a également enregistré une dépréciation exceptionnelle de 242millions USD sur sa flotte de sept navires au 4etrimestre, mais grâce à l’augmentation de capital, la solvabilité (rapport entre les fonds propres et le total du bilan) s’est améliorée de 13% fin 2015 à 44% le 31mars dernier. L’entreprise reste à la pointe de la technologie. Le carnet de commandes est toujours à niveau: 200millions USD fin mars, contre 210millions USD fin 2015. Notamment grâce à la prolongation de trois ans du contrat de charter de cinq ans (qui arrivera à échéance en août 2016) du Vyacheslav Tikhonov avec Sovcomflot (SCF), la plus grande compagnie de transport maritime russe. En outre, le contrat de service conclu avec Turkish Petroleum Corp pour le Polarcus Samur, vendu en 2013, a été prolongé de deux ans. Le chiffre d’affaires (CA) a baissé de 19,1% à 466,7millions USD en 2015, mais les cash-flows opérationnels (EBITDA) n’ont reculé que de 3,5%, à 144,8millions USD. En raison de la dépréciation, la perte nette s’est creusée à 372,2millions USD. Au 1ertrimestre, le CA s’élevait à 63,7millions USD, en baisse de 12% par rapport au 4etrimestre de l’an dernier. Le taux d’occupation a reculé de 80 à 79%. L’EBITDA récurrent (hors éléments uniques) a progressé de 9,4millions USD à 18,1millions USD. Grâce à une plus-value comptable unique de 178millions USD sur la restructuration financière, le bénéfice net s’élevait à 145,9millions USD.

Conclusion

Le rééchelonnement de la dette et la dilution qu’elle a causée permettent de gagner du temps, mais n’offrent qu’un répit temporaire à Polarcus, qui reste en grande difficulté. Grâce à cette bouffée d’oxygène financière, le groupe peut tenir jusqu’en 2018, mais les conditions de marché devront s’améliorer dans l’intervalle pour lui permettre un redressement définitif. Si c’est le cas, le potentiel haussier est considérable. À conserver, mais tenez compte d’un risque supérieur à la moyenne.

Conseil : conserver/attendre

Risque : élevé

Rating : 2C

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