Mithra

Souscrire à l’IPO, mais limiter les positions

Mithra Pharmaceuticals compte parmi les quatre sociétés introduites en Bourse (IPO) d’Euronext Bruxelles, cette année, dans le secteur biotechnologique/pharmaceutique. Mithra Pharmaceuticals est née en 1999 sous la forme d’une spin-off de l’université de Liège, et est spécialisée dans la santé féminine. Plus particulièrement, l’entreprise est active dans la fertilité et les traitements anticonceptionnels, la ménopause et l’ostéoporose, les infections gynécologiques et les cancers féminins. Ce vaste marché, estimé à 33,6 milliards EUR en 2014, croît à un rythme annuel de 3%. Au sein de ce segment, la contraception hormonale représente 14,1 milliard EUR et la ménopause 6 milliards EUR. Malgré les effets secondaires potentiels des produits existants, on regrettera, ces dernières années, le manque d’innovations dans le secteur. Dans la contraception orale, Mithra est leader de marché en Belgique (45,5% du volume) et aux Pays-Bas (20% du volume sur le marché des appels d’offre) avec ses produits génériques donnés en licence. En 2014, il a réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 19 millions EUR sur un bénéfice opérationnel (EBIT) de 6,4 millions EUR. Au niveau du groupe, on notera une perte nette de 11,4 millions EUR. L’intention du groupe est de lancer plusieurs produits de son portefeuille au Brésil et en Allemagne, et l’an prochain en France. Pour d’autres pays, Mithra compte collaborer à l’avenir avec des distributeurs locaux. Depuis l’acquisition, en janvier dernier, d’Uteron Pharma, le groupe mise cependant beaucoup sur deux molécules à base d’Estelle, un moyen anticonceptionnel oral, et Donesta, un traitement de la ménopause. Pour ce qui concerne l’Estetrol, un oestrogène naturel, il ressort des études précliniques de phase II un risque plus faible d’effets secondaires (thrombose, troubles de la vésicule biliaire, stimulation des cellules mammaires et interaction avec d’autres médicaments) que celui inhérent aux hormones contenues dans les produits actuels. Estelle est quant à elle prête à entrer en phase III de l’étude, et devrait être commercialisée en 2019 ou 2020. L’étude de phase II pour Donesta commence en 2016. En outre, Mithra développe trois variantes génériques complexes de médicaments sur prescription à base d’hormones : Tibelia (ostéoporose, approbation attendue en 2016), Zoreline (cancers de la prostate et du sein) et Myring (contraception). Zoreline et Myring sont la propriété de Novalon, détenu à 50% par Mithra. L’IPO devrait déboucher sur une cotation à partir du 30 juin (ticker MITRA) sur Euronext Bruxelles, par l’émission de 5,24 millions d’actions dans une fourchette de prix de 10,5 à 12,5 EUR par action. Une option est prévue pour 15% de titres supplémentaires, en plus d’une option de surallocation de 15% encore. La période de souscription court du 18 au 26 juin inclus (avec possibilité de clôture anticipée à partir du 25 juin). Plusieurs actionnaires existants – dont Marc Coucke (participation actuelle de 18,2%) et l’entrepreneur ostendais Bart Versluys (3,1%) – souscriront pour un montant total de 16,9 millions EUR, ou au maximum 1,61 million d’actions. Marc Coucke s’est positionné dans Mithra en février, en s’engageant à investir un total de 40 millions EUR. Une partie importante de ce montant a déjà été déboursée en mai, par une augmentation de capital de 54,6 millions EUR. La participation du directeur du groupe François Fornieri (actuellement 41,4%) sera diluée à 32,3% après l’IPO (en cas d’émission à 11,5 EUR par action). La société est en train de construire son propre site de production à Liège, dont la première phase totalement financée sera prête pour 2017. Seul point délicat : une enquête judiciaire est en cours à l’encontre de Mithra et de son directeur Fornieri pour violation des règles de promotion des médicaments sous prescription.

Conclusion

Nous pensons que l’IPO de cette entreprise prometteuse, avec le soutien et la notoriété de Marc Coucke, rencontrera le succès escompté. La société aura une capitalisation boursière de près de 400 millions EUR. Une somme importante, qui ne peut se justifier, à terme, que par la percée d’Estetrol. Pour cela, il faudra cependant encore attendre quelques années. Vous pouvez souscrire, mais limitez vos positions, compte tenu du risque supérieur à la moyenne.

Conseil: digne d’achat

Risque: élevé

Rating: 1C

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