Marge de Picanol sous pression

© picanol

Le groupe a certes signé un nouveau record de chiffre d’affaires l’an dernier, mais sa marge bénéficiaire n’a pas augmenté. Les liquidités se sont encore étoffées, en revanche; il semble de plus en plus évident que Luc Tack les accumule en vue de créer une troisième activité au sein du groupe.

Le groupe espérait faire mieux l’an dernier que lors de son exercice 2016, le plus rentable de son existence. Mais il n’a signé de nouveau record que s’agissant du chiffre d’affaires (CA). Comme vous avez pu le lire dans ces colonnes la semaine dernière (en rubrique Portefeuille), Tessenderlo Group, dont Picanol est l’actionnaire principal (plus de 36% des titres), a vu son chiffre d’affaires (CA) augmenter, mais n’a hélas pas enregistré de croissance au niveau du bénéfice. Sa contribution au bénéfice net de Picanol a dès lors diminué, passant de 31,3 millions en 2016 à 10,1 millions d’euros en 2017, et la croissance du bénéfice issu des activités ” traditionnelles ” de Picanol ne fut pas assez sensible pour compenser ce recul. Par rapport au record de 2016, le CA de 2017 de Picanol fut de 50 millions d’euros plus élevé, à 688,9 millions (+8%).

Picanol est le leader sur le marché de la technologie à jet d’air et à lance, mais il propose aussi une vaste gamme de services aux acheteurs de ses métiers à tisser. Notons que pour la première fois depuis longtemps, la croissance de la division Weaving machines (+6% de CA) fut inférieure à celle de la division Industries (+12%). Le bénéfice d’exploitation (Ebit) est resté stable malgré l’augmentation des ventes, à 120,8 millions d’euros, ce qui suppose une érosion de la marge d’Ebit de 18,9 à 17,5%. Les prix des matières premières ont en effet augmenté, y compris le prix du minerai de fer. En outre, Picanol a dû sous-traiter davantage pour pouvoir honorer certaines commandes, ce qui a également grignoté sa marge. Au niveau du groupe, le bénéfice net s’est tassé de 119,7 à 101,7 millions d’euros (ou de 6,76 à 5,75 euros par action) – dont la part de Tessenderlo Group de ” seulement ” 10,1 millions, soit une contribution de quelque 10% au résultat net de Picanol. Abstraction faite de Tessenderlo, on note une hausse du bénéfice net de 3,7% (de 88,4 à 91,6 millions d’euros); cela ne correspond qu’à un peu moins de la moitié de la croissance de son CA. Ces résultats moins exceptionnels que l’an dernier expliquent la réaction du marché. La performance de l’action, ces dernières années, n’en demeure pas moins impressionnante.

Le carnet de commandes demeurant bien garni, la direction a annoncé que le CA du premier semestre de 2018 égalerait le niveau record atteint au terme de la même période l’an dernier, bien que les prix des matières premières puissent constituer un obstacle. Picanol prépare l’avenir, en témoigne son programme d’investissements: 25 millions d’euros sont prévus pour 2018 et 2019. Sa trésorerie s’est étoffée sensiblement, de 81,3 à 133,3 millions d’euros. Cela tient au fait que le groupe n’a plus acheté de nouvelles actions Tessenderlo depuis quelques mois. Il semble de plus en plus évident que Luc Tack accumule des liquidités en vue de créer un troisième pôle au sein du groupe.

Conclusion

Du fait de l’évolution moins favorable de Tessenderlo en 2017, le bénéfice par action de Picanol est légèrement inférieur à ce que nous avions anticipé (six euros escomptés). La valorisation n’est plus celle d’une action hautement cyclique, un statut que Picanol n’a d’ailleurs plus. Jusqu’à la publication des résultats annuels de 2016, nous vous avions recommandé d’acheter l’action malgré le décuplement de son cours depuis la mi-2009. Ensuite, notre conseil est devenu neutre. Compte tenu des chiffres relatifs à 2017 et des perspectives du groupe, nous le maintenons.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 95,4 euros

Ticker : PIC BB

Code ISIN : BE0003807246

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 1,69 milliard EUR

C/B 2017 : 16,5

C/B attendu 2018 : 17

Perf. cours sur 12 mois : +4 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +3 %

Rendement du dividende : 0,2 %

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