Sa valorisation ne justifie pas encore un relèvement de conseil

Jamais deux sans trois… Sauf pour Louis Vuitton Moet Hennessy, en abrégé LVMH. Le cours du titre de l’empire du luxe de Bernard Arnault a dévissé de près de 7% vendredi dernier (25/7) en réaction à ses chiffres semestriels. Contrairement aux deux précédents trimestres, ces chiffres sont en effet décevants. La chaîne de magasins de luxe a en effet connu une croissance organique de son chiffre d’affaires (CA) de 3% sur les six premiers mois de 2014, à 14 milliards EUR contre 13,6 milliards à la même période l’an dernier. Les analystes espéraient cependant 14,2 milliards EUR. Autre problème : la cause du ralentissement de la croissance est la Chine. Les Chinois, surtout à Hong Kong, achètent moins de produits de luxe. Mais le problème est encore plus sérieux au Japon, où le gouvernement Abe, dans le cadre de la lutte contre la déflation et pour réduire sa montagne de dettes, a décrété une augmentation de 3% de la TVA depuis le 2etrimestre, ce qui s’est traduit par un repli des ventes de 11% dans le pays au 2e trimestre, après une vague d’achat typique avant l’instauration de cette mesure (+32% sur les 3 premiers mois). Au 1er semestre, le Japon représentait 7% du CA du groupe. Désormais, toute l’Asie représente pas moins de 38% ou 5,3 milliards EUR de CA, contre 28% pour l’Europe et 23% pour les Etats-Unis. Le redressement des résultats et du cours de Bourse au semestre écoulé a coïncidé avec le rétablissement de la division la plus importante et la plus rentable : Mode & Maroquinerie, qui regroupe les marques Louis Vuitton, Fendi, Donna Karan, Givenchy, Kenzo… et a connu une croissance organique de respectivement 7 et 9% au dernier trimestre de l’an dernier et au 1er trimestre de cette année. Une croissance nulle pour le 2e trimestre et de +4% pour le 1er semestre est donc d’environ 3% inférieure au consensus des analystes. Cette division a représenté près de 36% du CA du groupe sur les six premiers mois. L’autre division dégageant la plus forte marge bénéficiaire est celle des Vins & Spiritueux’, avec des marques fortes comme Moët & Chandon, Dom Perignon, Veuve Cliquot, Château d’Yquem, Hennessy… La croissance organique a reculé de 1%, en raison surtout de la forte baisse de la consommation de cognac en Chine (campagne publique contre les fêtes et cadeaux extravagants). Le pôle Retailing sélectif comprend, outre les magasins Sephora, DFS Group (plus grande chaîne de luxe pour voyageurs, avec plus de 1100 points de vente). Cette division enregistre depuis un certain temps la croissance la plus sensible du groupe, avec, sur les 6 premiers mois, une croissance organique de 9%. Ce pôle est de plus en plus proche de la Mode & Maroquinerie en termes de CA (4,4 contre 5 milliards EUR de CA sur les 6 premiers mois de cette année). Les chiffres des divisions restantes, Montres & Bijoux et Parfums & Cosmétiques n’étaient pas très convaincants non plus, avec respectivement +3 et +6% de croissance organique. Seule une reprise (de taille) dans la mode, comme Armani, Dolce&Gabbana… pourrait redonner à l’entreprise l’élan nécessaire à court terme.

Conclusion

Nous avons abaissé notre conseil à temps. Ceci dit, LVMH demeure une société de qualité. A 18 fois son bénéfice attendu pour 2014 et 10 fois le rapport EV/EBITDA, sa valorisation n’est pas encore assez intéressante, cependant, pour un relèvement de conseil.

Conseil: conserver

Risque: faible

Rating: 2A

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