Lafarge

Valeur à potentiel; digne d’achat

Nous avons réinvesti dans le cimentier français à la fin de l’an dernier. “Réinvesti”, parce qu’au printemps de l’an dernier, nous avions eu la chance de réaliser une plus-value de 21% sur notre placement dans Lafarge et ce, sur un mois et demi. Nous avions misé sur le cimentier français pour son statut de candidat européen à un redressement sensible à la conjoncture et pour son potentiel haussier lié à la réattribution possible de la note de solvabilité “investment grade”. Le gain de cours immédiat est cependant intervenu lorsque Lafarge et Holcim, respectivement numéro 2 et numéro 1 du secteur, ont annoncé leur volonté de fusionner. Nous nous sommes alors empressés de prendre notre bénéfice parce que, à l’annonce de tels projets de fusion, l’euphorie (boursière) initiale se dissipe généralement vite en l’absence d’éléments propres à soutenir le cours comme un prix d’achat par action dans le cas d’une acquisition. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé, sauf que les projets de fusion avancent très bien. LafargeHolcim, le nom du futur groupe, a annoncé cette semaine qu’il négociait de manière exclusive avec le groupe irlandais CRH sur la vente de nombreux actifs, pour un total de 5,2 milliards EUR de chiffre d’affaires (CA) en 2014 et un cash-flow opérationnel (EBITDA) de 744 millions EUR. Il s’agit principalement d’activités européennes, tant en Europe occidentale (France, Allemagne et Royaume-Uni) qu’en Europe centrale et de l’Est (Hongrie, Serbie, Slovaquie et Roumanie). Cela dit, les activités aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil et aux Philippines seront vendues. Les actifs placés en vitrine par le groupe représentent environ 15% du CA combiné de l’an dernier. LafargeHolcim prévoit une amélioration de la marge d’EBITDA (cash-flow opérationnel/CA) de 20,2% à 24,4% grâce à 1 milliard EUR de synergies. La position d’endettement nette retombera à deux fois l’EBITDA (contre 3,3 pour Lafarge fin 2013), et la note de solvabilité “investment grade” réduira à terme les charges financières de 200 millions EUR. L’objectif demeure d’obtenir l’autorisation pour la fusion d’ici à la fin du 1er semestre. Le groupe fusionné réalisera 60% de son CA dans les pays émergents. Sur le plan opérationnel, Lafarge a enregistré sur les neuf premiers mois une hausse de sa marge d’EBITDA de 20 points de base (0,2%), à 21,2% (résultats le 18/2). Le groupe revient de très loin. Depuis la reprise, à un très mauvais moment, du groupe égyptien Orascom Cement en décembre 2007, le groupe affichait une lourde dette. Lafarge a perdu le statut “investment grade” et est passé à “speculative grade” (obligation de pacotille). Lafont oeuvre depuis plusieurs années à l’allègement de cette charge de dettes, notamment par une réduction de ses investissements, une “double” diminution de moitié du dividende (de 2 à 1 EUR), un programme de mesures de réductions de coûts à hauteur de 1,3 milliard EUR d’ici à fin 2015 et surtout la vente d’actifs. Toutes ces mesures ont permis d’alléger la dette financière nette de quelque 14 milliards EUR fin 2010 à 10,3 milliards EUR fin septembre 2014.

Conclusion

Une faible valorisation – 1,1 fois la valeur comptable et moins de 10 fois le rapport attendu entre la valeur d’entreprise (EV) et l’EBITDA – et des perspectives enthousiasmantes à long terme nous incitent à conserver la valeur en portefeuille, en tant que valeur à potentiel pour 2015.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating: 1B

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