Hewlett-Packard

Retour à la réalité

22,52 USD – 4C Alléger

Entre janvier et juillet, l’action du groupe technologique américain s’est hissée de près de 80% mais l’annonce des résultats trimestriels a mis soudainement fin à cette hausse de cours. Dans les grandes lignes, les chiffres étaient conformes aux attentes, mais le redressement attendu semble prendre plus de temps que prévu et à court terme, aucune amélioration n’est à prévoir. HP opère chroniquement des restructurations, qui ont coûté leur poste à plusieurs dirigeants de l’industrie IT au cours des dernières années. Il y a deux ans, Meg Whitman, ancien CEO du site d’enchères en ligne eBay, a tenté un turn-around, mais elle non plus n’a pas trouvé, malgré 29.000 licenciements, la formule magique pour la croissance. Initialement, le groupe avait anticipé une croissance du chiffre d’affaires (CA) pour le nouvel exercice 2014, entamé en novembre, mais depuis lors, ce pronostic a été revu. La division PC comme le pôle Enterprise, qui totalisent trois quarts du bénéfice opérationnel, ont réalisé une performance inférieure aux prévisions au trimestre écoulé, alors que le département Printing et les Services ont été insuffisamment rentables pour prendre le relais de la croissance. Pour le huitième trimestre consécutif, HP a vu son CA reculer. Au cours des trois mois jusqu’au 31 juillet, le repli ressort à 8,2% sur une base annuelle, à 27,23 milliards USD. Le bénéfice net s’est quant à lui établi à 1,39 milliard USD. Sur la même période un an plus tôt, le groupe a accusé une perte de 8,86 milliards USD après un amortissement de 8 milliards USD sur la valeur d’EDS, la société rachetée. Malgré les efforts de diversification des dernières années, le marché du PC en perte de vitesse affecte l’évolution de HP. Au 2e trimestre, le marché mondial du PC a enregistré un recul pour la cinquième fois consécutive, en l’occurrence de 11%. Sur la base des chiffres provisoires de Gartner, HP a été détrôné par le Chinois Lenovo dans le classement des plus grands producteurs de PC. La part de marché mondiale de HP s’est tassée de 16,7 à 16,3%. De même, le marché des serveurs, où HP occupe également la deuxième place, derrière IBM, s’est replié de 6,2%. Dans la division Personal Systems, le CA a reculé de 11%, après que 8% d’unités en moins ont été vendues. L’important repli des ventes aux consommateurs, surtout (-22%), est notable. HP n’a aucun smartphone ni tablette dans son offre, qui pourrait compenser le recul des ventes de PC et de portables. Le CA du pôle Enterprise (serveurs et matériel associé) a plongé de 9,4% alors que la division Printing n’est pas parvenue à inverser la tendance, qui a essuyé un repli de près de 4%. Au niveau du groupe, les stocks ont augmenté de 9% sur base trimestrielle, à 6,5 milliards USD, un accroissement essentiellement imputable à une augmentation des fournitures d’impression chez les distributeurs. Les Services (consultance, sécurisation) ont accusé une baisse de leur CA de près de 9%. Seuls les Logiciels ont nagé à contre-courant, avec une croissance modeste de 0,9%. A la fin du 3e trimestre, HP avait 13,3 milliards USD de liquidités et d’investissements à court terme au bilan. Ce qui lui laisse la voie libre pour réaliser plusieurs acquisitions stratégiques, même si nous pensons que leur ampleur restera plutôt limitée.

Jusqu’ici, les investisseurs croyaient au potentiel de HP après restructuration, mais il s’avère à présent que la croissance du CA ne sera à nouveau pas au rendez-vous l’an prochain. L’euphorie des débuts a dès lors fait place au réalisme. Le groupe n’a toujours pas trouvé la recette pour renouer avec la croissance. Cela dit, les actionnaires n’ont pas d’autre raison de se plaindre car même après la récente correction, HP affiche une hausse de 55% par rapport au début de l’année. L’action fait ainsi presque trois fois mieux que le Nasdaq. Financièrement, le groupe avance dans la bonne direction : ses cash-flows libres sont supérieurs et sa dette nette est presque totalement apurée. A près de 7 fois le bénéfice escompté et 2 fois la valeur comptable, HP n’est certes pas cher, mais compte tenu de l’absence de perspectives de croissance à court terme, l’action ne mérite pas non plus une valorisation plus élevée. Alléger (4C).

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