Décote injustifiée d’Aker BP

© Aker BP

L’action s’échange 20 à 50% moins cher que les plus grandes majors pétrolières européennes. Ce que nous trouvons injuste compte tenu du profil de croissance attrayant de l’entreprise et de la base actionnariale solide.

AkerBP, anciennement Det Norske, est devenue ces dernières années la plus grande participation industrielle du holding norvégien à succès Aker ASA. La compagnie pétrolière et gazière norvégienne a été fondée en 1974. Aker ASA en est devenu actionnaire après la fusion avec Aker Exploration, une entreprise d’exploration lui appartenant, en 2009. En 2013, la mise en production de deux nouveaux gisements pétroliers (Jette et Atla) a porté la production journalière moyenne de 1000 à plus de 5000 barils. Det Norske avait changé de dimension en 2014 lorsqu’il a acquis des activités pétrolières norvégiennes de la compagnie américaine Marathon Oil Corp pour 2,6 milliards de dollars. Il s’est ensuivi une augmentation de capital de 500 millions de dollars (dilution de 30%) à laquelle Aker ASA a entièrement souscrit à hauteur de sa participation de 50%. La production journalière a ainsi atteint 60.000 barils. En 2016, l’ambitieuse entreprise a opéré un nouveau bond en avant en fusionnant avec les activités pétrolières norvégiennes de BP (BP Norge). Det Norske a financé l’acquisition par l’émission de 135 millions d’actions à 80 couronnes norvégiennes (67% d’actions supplémentaires), dont 33,8 millions ont été souscrites par Aker ASA. Le holding a ainsi vu sa participation tomber à 40%. BP conserve une participation de 30% dans l’entreprise fusionnée, rebaptisée entre-temps AkerBP.

En 2016, la production journalière moyenne commune s’élevait à 118.200 barils par jour, soit une nouvelle augmentation de 100%. Grâce à ce double bond en avant et au redressement du cours du pétrole, l’action a triplé de valeur entre fin 2015 et février 2017. Depuis, le baril de pétrole a perdu environ 20%, et l’action plus de 25%. Sur le plan opérationnel, tout se passe très bien. Au premier trimestre, la production journalière moyenne a progressé de 15% par rapport au quatrième trimestre, à 145.300 barils. Notamment grâce à la hausse du cours du pétrole (54 contre 37 dollars le baril), le chiffre d’affaires a plus que triplé par rapport au premier trimestre de l’an dernier, passant de 205 à 646 millions de dollars. Le cash-flow opérationnel (EBITDA) a progressé de 129 à 487 millions de dollars et le bénéfice net, de 32 à 69 millions de dollars. Les prévisions annuelles – une production journalière de 128 à 135.000 barils – ont été maintenues en raison de travaux de maintenance prévus plus tard cette année. Mais la production va à nouveau doubler, à 270.000 barils, d’ici 2023. Le principal moteur de cette croissance est la participation du groupe de 11,6% dans le champ pétrolier de Johan Sverdrup, la première découverte dans les eaux norvégiennes depuis les années 1970. Durant la première phase de production (de fin 2019 à 2022), la production journalière s’y établira à 440.000 barils (part de AkerBP : 51.000 barils). Après une phase d’extension à partir de 2022, la production atteindra 660.000 barils (part de AkerBP : 76.500 barils).

Les Norvégiens distribuent un dividende trimestriel brut de 0,185 dollar par action depuis le quatrième trimestre 2016. L’objectif est d’au moins le conserver jusqu’au démarrage de Sverdrup, et de l’augmenter par la suite. Ces douze derniers mois, la dette nette d’AkerBP a été ramenée à seulement 1,25 fois l’EBITDA attendu pour 2017. Les Norvégiens sont en train de refinancer à de meilleures conditions une obligation coûteuse et disposent de 2,6 milliards de dollars pour de nouvelles acquisitions.

Conclusion

Après une solide correction, AkerBP s’échange à un rapport valeur d’entreprise (EV)/EBITDA attendu en 2017 très attrayant de 4. C’est un peu plus que Statoil, mais 20 à 50% moins cher que les plus grandes majors pétrolières européennes. Nous trouvons cette décote immotivée vu le profil de croissance attrayant et la base actionnariale solide. D’où le relèvement de la note. Candidat au portefeuille modèle !

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

Devise : couronne norvégienne

Marché : Oslo

Capit. boursière : 41,2 milliards NOK

C/B 2016 : 95

C/B attendu 2017 : 13,5

Perf. cours sur 12 mois : +29 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -21 %

Rendement du dividende : 5,2 %

Partner Content