Coup de mou chez General Electric

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General Electric compte parmi les plus grandes déceptions à Wall Street. D’ici quelques années, le conglomérat et ses actionnaires pourraient avoir oublié cet affront. Pour l’heure énormément sous-valorisé, le titre est digne d’achat.

La baisse du cours de 4,4%, après la publication des résultats du deuxième trimestre, témoigne de la méfiance des investisseurs envers ce “meuble” récemment sorti de l’indice Dow Jones – General Electric (GE) l’avait intégré il y a plus d’un siècle. GE accuse depuis le début de l’an dernier sa plus grave contreperformance boursière sur ses 125 ans d’existence: une perte de près de 60% alors que le Dow Jones a gagné environ 20%. On en oublierait presque que le conglomérat industriel avait connu des années de gloire, lorsqu’il était emmené par Jack Welch. Son successeur, Jeffrey Immelt, n’a pas poursuivi sa stratégie; les acquisitions d’Alstom et de Baker Hughes, notamment, lui ont coûté son poste l’été dernier. Il a passé la main à John Flannery.

Le CEO a affirmé d’emblée que de grands changements s’imposaient d’urgence pour redresser la barre (et le cours de l’action). Sans tarder, il a réduit le dividende de moitié (de 0,24 à 0,12 dollar par action). Fin juin de cette année, Flannery a présenté le “nouveau” GE: un conglomérat plus simple, plus fort et décentralisé. L’objectif? GE doit à nouveau exceller dans les domaines de l’aéronautique (GE Aviation; chiffre d’affaires de 2017: 27 milliards USD), l’électricité (35 milliards USD) et l’énergie renouvelable (9 milliards USD). D’ici 1,5 an tout au plus, sa division de soins de santé (GE Healthcare; CA: 19 milliards USD) sera devenue autonome. Il en ira de même pour Baker Hughes GE (pétrole et gaz; CA: 22 milliards USD), mais le CEO se donne trois ans pour y parvenir. Dans un but de réduction des coûts, le CEO a annoncé il y a plusieurs mois la fusion de sa division Transport avec Wabtec (CA: 4 milliards USD). L’ensemble de ces mesures visent à alléger la charge d’endettement de 25 milliards de dollars et ramener à moins de 2,5 le rapport entre la dette nette et les cash-flows d’exploitation (Ebitda). Il reste encore au CEO, et le défi est de taille, à insuffler à l’entreprise les principes de leadership qui avaient fait son succès sous Welch.

Le cours est cependant retombé à proximité du plancher sur plusieurs années atteint début 2018, après la publication des résultats du 2e trimestre. L’annonce de six milliards de cash-flows disponibles, et non plus de sept, escomptés pour 2018 n’a pas plu au marché. Concernant le bénéfice, les prévisions annuelles (1-1,07 dollar par action) ont été maintenues – mais l’on s’attend à ce que le chiffre se situe plutôt dans le bas de la fourchette (consensus: 0,95 dollar). GE a procédé à de nouvelles dépréciations et réductions de valeur. Le bénéfice ajusté par action, à 0,19 dollar, était supérieur au consensus (0,18 dollar). Le CA, à 30,1 milliards de dollars (+3,5%), a lui aussi dépassé les attentes des analystes (29,4 milliards USD). GE doit cette performance au pôle GE Healthcare. En revanche, GE Power ne laisse pas d’inquiéter (CA: -19% au 2e trimestre).

Conclusion

La direction de GE a du pain sur la planche. Les analystes comme les investisseurs sont pessimistes, mais cela procure un avantage: GE est l’une des rares actions américaines sous-valorisées (elle présente une décote de 30 à 40% par rapport à ses concurrentes). Nous avons pour notre part constitué ces derniers mois, progressivement, une position dans l’action, car nous osons croire qu’elle gagnera de la valeur à (plus) long terme- et même, que le niveau du cours sera “très différent” de l’actuel, dans deux ou trois ans.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 13,05 dollars

Ticker : GE US

Code ISIN : US369604103

Marché : NYSE

Capit. boursière : 113,50 milliards USD

C/B 2017 : 13,5

C/B attendu 2018 : 13

Perf. cours sur 12 mois : -47 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -25 %

Rendement du dividende : 3,7 %

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