Correctement valorisé

L’année 2013 est sans aucun doute historique pour le groupe de construction et de dragage belge CFE. En septembre, le holding Ackermans & van Haaren (AvH) a en effet atteint un accord avec Vinci, qui était alors, avec 46,84% des titres, le principal actionnaire de CFE, pour ramener la participation de 50% détenue par AvH dans DEME, au sein de CFE. Les 50% restants de DEME, acteur mondial dans les travaux de dragage, étaient déjà aux mains de CFE. L’apport d’AvH a eu lieu le 24 décembre en échange de l’émission de 12.222.222 nouvelles actions CFE à 45 EUR par action. En conséquence, le nombre d’actions existantes est passé de 13,1 à 25,3 millions. En outre, l’accord entre AvH et Vinci stipule également que Vinci vend la moitié de ses titres CFE au prix unitaire de 45 EUR à AvH. Vinci détient dès lors encore 12,1% du nouveau CFE, alors que AvH possède 60,4% des actions CFE. Entretemps, une nouvelle étape a été franchie pour AvH : une offre publique obligatoire à 45 EUR par action sur les 27,5% d’actions CFE disponibles dans le public. L’opération valorise DEME à 1,1 milliard EUR mais valorise les activités de construction cycliques de CFE à (presque) zéro. Le cours de l’action a rebondi aussitôt au-delà du prix offert et depuis lors, il poursuit sur la voie de la hausse. Les résultats annuels 2013 de CFE offrent une image mitigée : son chiffre d’affaires (CA) a progressé de 19,4%, à 2,27 milliards EUR (+19,5% au 1er semestre). Traditionnellement, DEME s’adjuge la part du lion de la croissance : +32,2%, à 1,27 milliard EUR, alors que les activités de construction (Contracting pool) ont affiché une hausse de 8,4%, à 977 millions EUR. CFE a dû lancer une mise en garde sur bénéfice à deux reprises en raison des résultats décevants des deux piliers du Contracting pool, les divisions Construction et Multitechniques. Le résultat opérationnel (EBIT) s’y est même coloré de rouge, à hauteur de 29,5 millions EUR, contre un bénéfice d’encore 5 millions EUR en 2012. L’EBIT de DEME a pour sa part satisfait les actionnaires avec une progression de 52,2%, à 105,1 millions EUR. Au niveau du groupe, la marge d’EBIT a cependant reflué à 3%, contre 4,2% en 2012 et encore 6,6% en 2008. Quant au résultat net, il s’est tassé de 49,4 millions EUR en 2012 à 7,9 millions EUR. Des revalorisations exceptionnelles du goodwill liées à l’apport de 50% de DEME se sont traduites par une perte nette de 81,2 millions EUR. Le dividende brut est resté stable à 1,15 EUR par action et la charge de dettes nette a légèrement reculé à 771 millions EUR. L’évolution du carnet de commandes est rassurante, même si celui-ci affiche un recul de 3,1% par rapport à fin 2012. Au niveau de DEME (désormais intégré à 100%), on note un repli de 8,1%, à 3,05 milliards EUR, conséquence du lancement d’importants projets en Australie et au Qatar en 2013. DEME a cependant remporté un important projet de poldérisation à Singapour, et GeoSea – le spécialiste des ouvrages hydrauliques de DEME – a aussi décroché quelques contrats alléchants dans le secteur de l’énergie éolienne offshore (en mer). Le carnet de commandes du Contracting pool s’est étoffé de 9,6%, à 1,31 milliard EUR.

Conclusion

Le fait d’acquérir 100% du contrôle sur l’entreprise de croissance DEME contribuera à l’amélioration structurelle de la rentabilité de CFE. Cette perspective est en tout cas enthousiasmante pour les actionnaires de CFE. Les activités de construction se portent toujours mal et on attend encore de connaître les projets d’AvH à cet égard. A 15 fois le bénéfice attendu pour 2014 et une valeur d’entreprise de 5,5 fois le REBITDA 2014, CFE est en tout cas correctement valorisé.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

Partner Content