Bolloré et Sipef restent en portefeuille

L’action du holding français Bolloré est digne d’achat malgré le récent rebond ; elle s’échange toujours plus de 30% sous le sommet de 5,27 euros du printemps 2015. On peut s’attendre, au cours des prochains mois, à une augmentation de capital chez Sipef, le producteur belge d’huile de palme ; en attendant de connaître les conditions de l’opération, nous conservons l’action.

Cette année a mieux commencé que la précédente sur les marchés boursiers. Quel contraste avec les pertes de début 2016! Ainsi l’action du holding français Bolloré brille-t-elle déjà. Cela ne surprendra pas les lecteurs du magazine américain d’influence Barron’s, qui n’a pas tari d’éloges, récemment, au sujet de Vincent Bolloré.

Bolloré, le Buffett européen

Dans un portrait détaillé, le directeur et actionnaire principal de Bolloré y est décrit comme le nouveau Warren Buffett, ou à tout le moins le Buffett européen. D’après les calculs de l’auteur, Bolloré a obtenu au cours des deux dernières décennies écoulées un résultat supérieur à celui du holding de Buffett, Berkshire Hathaway. Sur cette période, le rendement annuel moyen de Bolloré s’élève à 16,8%, par rapport à un “petit” 10,6% pour Berkshire Hathaway.

Vincent Bolloré est à la croisée des chemins entre Warren Buffett et Carl Icahn

Barron’s a également laissé la parole à plusieurs gestionnaires de patrimoine investis dans Bolloré. La plupart estiment que Vincent Bolloré est à la croisée des chemins entre Warren Buffett et Carl Icahn, en ce qu’il ose, comme ce dernier, se lever en activiste et contrarier la direction d’une entreprise, voire contester ses décisions. La banque d’affaires britannique HSBC se montre également positive à l’égard de Bolloré, et lui applique un objectif de cours de 4,10 euros cette année.

Une année décisive pour Vivendi

Selon nous, malgré le récent rebond, c’est toujours une excellente idée de racheter des actions Bolloré. L’action s’échange toujours plus de 30% sous le sommet de 5,27 euros du printemps 2015. Que Vincent Bolloré, après avoir vendu des actions au printemps 2015 (à un niveau proche du sommet) en ait racheté en septembre/octobre (à leur plancher ou presque), est un signal fort à nos yeux.

Qui investit dans Bolloré mise avant tout sur le potentiel de croissance de l’Afrique. Le holding y gère un vaste réseau logistique et est notamment propriétaire de 17 concessions portuaires. En outre, le groupe regroupe des activités sous Bolloré Energie, le deuxième distributeur de combustibles ménagers en France, le pôle de communication et de médias et la division Stockage d’électricité, avec d’importants investissements dans les batteries rechargeables. En outre, on note de nombreuses participations financières pour, à fin juin, une valeur boursière totale de 4,23 milliards d’euros.

Parmi ces participations, on épinglera surtout le rachat agressif d’actions du géant des médias Vivendi. La position a été récemment renforcée de 15 à plus de 20%, et le groupe entend acquérir, d’ici avril 2017, 29% des droits de vote. Bolloré espère en faire un acteur mondial des médias. Cette année, nous saurons si cette stratégie a des chances d’aboutir. En tout début d’année, son flirt avec le groupe italien Mediaset a fait couler l’encre en France et en Italie. Bolloré a pris près de 30% des droits de vote de l’acteur de médias italien. On saura rapidement, cette année, si Bolloré réalisera une offre de reprise et remplacera la famille de Silvio Berlusconi en tant qu’actionnaire de référence de Mediaset. À terme, nous prévoyons également une création de valeur supplémentaire grâce à une simplification de la structure de la société entre le directeur Vincent Bolloré et le holding Bolloré. La valeur reste en portefeuille (rating 1B).

Opération de capital chez Sipef

Ce fut une grande nouvelle, mi-décembre. Sipef a doublé sa participation dans la plantation d’huile de palme et de caoutchouc Agro Muko à Sumatra, à 95%. Pour cela, le groupe doit mettre 144millions de dollars sur la table. On pouvait s’y attendre, car il avait révélé précédemment ses projets de renforcement de la superficie à 100.000 hectares d’ici 2025. Sipef rachète 36,84% du groupe britannique MP Evans sur lequel l’entreprise malaise KLK a lancé une offre, sans grand succès, de 740 pence par action. Parallèlement, Sipef acquiert 5,87% de PT Austindo Musantar Jaya, qui reste dans le capital à hauteur de 5%. Inversement, le groupe paie, pour acquérir le contrôle d’Agro Muko, 14.600 dollars par hectare (+fonds de roulement). Pour financer la reprise, il a contracté un crédit-pont.

L’actionnaire de référence Ackermans & van Haaren a déjà indiqué qu’il comptait soutenir Sipef dans son expansion mais qu’il ne voulait pas prendre de position d’endettement importante dans la filiale de plantation. Au cours des prochains mois, on peut donc s’attendre à une augmentation de capital chez Sipef _ et servira-t-elle à financer 40, 50 ou 60% du prix? En attendant, le groupe a déjà racheté 10.000 actions propres à une moyenne de 57,35 euros dans le cadre de son programme de rachats, et a amené le cours vers 60 euros, de sorte que les nouvelles actions peuvent être proposées avec une légère décote.

Le prix de l’huile de palme s’est redressé d’environ 40% l’an dernier. Le cours de Sipef a progressé sur les deux derniers mois de l’année de 50 à 60 euros. Lequel cours, dans la perspective d’une opération de capital cette année, semble être le maximum pour l’action – même si l’on peut aussi établir, sur la base de la transaction Agro Muko, que la valeur intrinsèque de l’action Sipef ressort plutôt entre 80 et 100 euros.

Nous abaissons (pour l’heure) notre conseil à “conserver/attendre (rating 2B). Compte tenu de notre vision positive à plus long terme, il n’est pas question de sortir l’action du portefeuille, et nous suivrons en principe l’augmentation de capital, à moins que les conditions ne soient pas ou que peu intéressantes.

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