Barrick Gold

L’échec de la fusion n’a rien de dramatique

Jusqu’à la semaine dernière, la fusion de deux des principaux producteurs d’or nord-américains, le Canadien Barrick Gold et l’Américain Newmont Mining, semblait imminente. L’entreprise combinée serait devenue le plus grand producteur d’or au monde, avec plus de 12 millions d’onces par an. L’association des deux groupes avait également du sens du point de vue économique, puisque Barrick et Newmont disposent de nombreux actifs voisins dans l’Etat américain du Nevada, d’où proviennent respectivement 39% et 35% de la production des deux groupes. Elle aurait également permis une gestion plus efficace des joint-ventures existantes. Barrick avait déjà identifié pour 1 milliard USD de synergies, et ce n’était encore que le début. Pourtant, la tentative de rapprochement a à nouveau échoué. Outre les différences en termes de culture d’entreprise et les problèmes d’ego au sein des différents conseils d’administration, la principale pierre d’achoppement s’est révélée être le spin-off envisagé. L’objectif était que le groupe fusionné se compose d’une “entreprise centrale” où seraient regroupées principalement les activités (nord-)américaines et fasse l’objet d’une “scission” qui comprendrait les mines en Asie et en Océanie. Il est difficile de dire si tous les ponts sont rompus, mais la logique économique et notamment les possibles économies sur les coûts devraient tôt ou tard remonter à la surface, en particulier si le cours de l’or reste bas. L’été dernier, l’action du groupe canadien Barrick Gold est tombée à son plus bas niveau depuis 2012. Tout comme tous les autres grands groupes de mines d’or, Barrick a dû essuyer de lourdes pertes à la suite de dépréciations et autres réductions de valeur. Celles-ci sont à leur tour la conséquence de frais de restructuration, de l’ajustement de la valeur des réserves à la suite de la baisse des cours et de l’évolution de la valeur comptable de projets reportés (ou supprimés). Au total, les dépréciations actées par Barrick s’établissent à 13,1 milliards USD. Il s’agit ici, il est important de le préciser, de pertes comptables (papier). Bien entendu, la baisse du cours de l’or affecte également les cash-flows sous-jacents, mais Barrick reste rentable d’un point de vue opérationnel. Notamment grâce au coût de production total, qui a baissé de 10,7% sur base annuelle, à 833 USD l’once. Dans les plus grandes mines du groupe, qui représentent ensemble 60% de la production, ils ne dépassent même pas 672 USD – même s’il devrait augmenter à une moyenne de 750 à 800 USD cette année. Au niveau du groupe, le coût de production total s’établira entre 920 et 980 USD l’once. Il faudrait donc un véritable effondrement du marché de l’or pour que Barrick essuie des pertes opérationnelles cette année. Le groupe a produit 1,59 million d’onces d’or au 1er trimestre, contre 1,8 million il y a un an. Les prévisions pour l’ensemble de l’exercice sont restées inchangées entre 6 et 6,5 millions d’onces. En raison de la baisse du prix de l’or, le chiffre d’affaires a reculé de 22,5% à 2,6 milliards USD. Barrick devrait pouvoir réaliser pour 500 millions USD d’économies sur les coûts de cette année, même sans fusion.

Conclusion

A nos yeux, l’échec de la fusion n’a rien de dramatique. Les deux groupes sont suffisamment robustes pour rester autonomes. Barrick peut se targuer du coût de production le plus bas parmi les plus grands groupes miniers et c’est un atout à ne pas mésestimer. Même après les fortes dépréciations, l’action ne s’échange qu’à 1,5 fois la valeur comptable.

Conseil : digne d’achat

Risque : élevé

Rating: 1C

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