Barrick Gold

Mesures draconiennes

18,28 USD – 1D Digne d’achat

Le groupe canadien, premier producteur d’or au monde, a publié plusieurs informations intéressantes en marge de ses résultats trimestriels. La poursuite du développement de l’enfant terrible du groupe, le projet Pascua-Lama dans la cordillère des Andes, à la frontière entre le Chili et l’Argentine, est temporairement suspendue. Barrick avait approuvé la construction de Pascua-Lama en 2009. à l’époque, le coût total était estimé à 3 milliards USD. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter ces dernières années et atteignait 8,5 milliards USD lors de la dernière estimation. Barrick y a déjà dépensé plus de 5 milliards USD. Sur le plan opérationnel, le projet est dans une impasse depuis avril, après que les travaux ont dû être interrompus du côté chilien de la frontière. Le management a décidé de le mettre temporairement au frigo. Pascua-Lama est un projet de très grande ampleur, avec des réserves estimées à 18 millions d’onces d’or et 676 millions d’onces d’argent. La décision, qui n’a pas totalement surpris les observateurs, aura un fort impact sur les dépenses d’investissement prévues. Ces dernières, qui avaient déjà été réduites d’une fourchette de 5,7 à 6,3 à une fourchette de 4,5 à 5 milliards USD en 2013, diminueront encore d’un milliard USD l’an prochain. Barrick espère ainsi optimiser ses cash-flows. En revanche, l’émission de nouvelles actions n’était pas prévue. Barrick a décidé d’émettre 163,5 millions d’actions à 18,35 USD. L’opération doit rapporter entre 3 et 3,4 milliards USD. Ces trois derniers trimestres, la dette totale du groupe a augmenté de 2,5 milliards USD, à 14,6 milliards USD. Un montant certes élevé, mais pas insurmontable puisque les cash-flows opérationnels s’élèvent à 2,3 milliards USD depuis le début de cette année. Barrick avait déjà pris d’autres mesures, comme une baisse du dividende de 75%. Et le groupe minier dispose encore d’une facilité de crédit de 4 milliards USD. De plus, il ne devra rembourser que 3 milliards USD d’ici à 2017. La grande majorité des dettes à long terme viennent à échéance en 2023 et 2043. Pourtant, la direction a jugé qu’il était opportun de consolider les liquidités. Le groupe veut en effet conserver à tout prix sa note “investment grade”, allouée aux émetteurs de meilleure qualité. La majeure partie du produit de l’émission (2,6 milliards USD) sera affectée à la réduction de l’endettement. Barrick a enregistré des performances opérationnelles très acceptables au 3e trimestre, avec une production de 1,85 million d’onces au niveau du groupe qui porte la production totale depuis le début de cette année à 5,453 millions d’onces. Plus important : le coût de production total de 916 USD l’once est (nettement) inférieur à celui de ses concurrents. Sur l’ensemble de l’année 2013, il s’établira entre 900 et 975 USD. Cela permettra à Barrick de rester rentable malgré la baisse du cours de l’or, qui s’est négocié en moyenne 20% sous son niveau d’il y a un an durant le trimestre écoulé. Barrick a maintenu inchangées ses prévisions de production pour 2013 : entre 7 et 7,4 millions d’onces et entre 520 et 550 millions d’onces d’argent.

L’action avait rebondi d’environ 50% depuis le plancher de juillet (IB-33A), mais a abandonné une partie du terrain gagné après l’annonce de l’augmentation de capital. La réduction de l’endettement est une bonne chose, mais il ne faut pas attendre de croissance de la production au cours des années à venir dans un environnement de baisse des dépenses d’investissements. Maintenir la production à son niveau actuel serait déjà un succès. Barrick affiche la structure des coûts la plus basse de tous les grands producteurs d’or et dispose d’un robuste matelas financier en cas de contrecoup. Une hausse de l’action passera sans doute par un rebond du cours de l’or. Digne d’achat, mais limitez vos positions pour l’instant (1D).

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