Anglo American

Digne d’achat

Le groupe de matières premières Anglo American est traditionnellement dans l’ombre des plus grands groupes miniers comme Rio Tinto, BHP Billiton, Vale et Glencore. Il ne s’est pas non plus distingué par ses performances boursières ces dernières années. Anglo American est actif dans le minerai de fer par le biais de sa filiale Kumba Resources (70%) et la mine de Minas Rio, inaugurée l’an dernier au Brésil. Le cuivre (Amérique du Sud) intervient également pour une large part dans le chiffre d’affaires et les bénéfices, tout comme le diamant (participation de 85% dans De Beers), le charbon (thermique, utilisé dans la production d’électricité, et charbon métallurgique pour l’acier), le platine (Amplats) et plusieurs autres activités de taille plus modeste. A l’instar des autres grands groupes miniers, Anglo American mise surtout sur des réductions de coûts pour compenser l’effet de la baisse des cours. Au cours de l’exercice passé (2014), les cash-flows opérationnels (EBITDA) ont reculé de 10%, à 6,11 milliards USD. Les dépenses d’investissement se situaient à peu près au même niveau. Le coût du dividende a cependant progressé à 1,08 milliard USD. Simultanément, la dette nette a grossi d’environ 20% à 12,9 milliards USD, ce qui est élevé en regard de la capitalisation boursière du groupe (21,3 milliards USD), mais aussi de l’EBITDA (7,1 milliards USD). Malgré une baisse des dépenses d’investissement, la direction voit la position nette d’endettement atteindre 13,5 à 14 milliards USD cette année. Dans le même temps, elle table sur un EBITDA de 5,9 milliards USD. En d’autres termes, le taux d’endettement va encore se détériorer cette année. Tôt ou tard, il faudra aborder la question de l’opportunité d’emprunter davantage pour maintenir le dividende. Anglo American détient encore plusieurs actifs qui ne sont pas considérés comme des activités clés. LaFarge, la division active dans le tarmac, est ainsi en vente, alors que des mines de cuivre au Chili et des mines de charbon en Australie pourraient changer de propriétaire moyennant un prix correct. Certains analystes et actionnaires activistes préconisent de se concentrer sur le diamant et le platine, et de vendre les activités dans le minerai de fer. Anglo American a cependant investi 14 milliards USD dans le projet Minas Rio, qui est enfin devenu opérationnel en octobre de l’an dernier et a déjà dû faire l’objet d’une réduction de valeur de 3,5 milliards USD. Le cours du minerai de fer est retombé au début de l’année à son plus bas niveau en plus de 10 ans. Il a quelque peu rebondi depuis, mais vu la surproduction mondiale et les stocks élevés, une hausse durable des cours était peu réaliste. Après la phase de démarrage, Minas Rio produira à 33 à 35 USD la tonne. Sur la côte ouest de l’Australie, BHP Billiton et Rio Tinto produisent à un prix de revient de 15 à 17 USD la tonne. Anglo American peut cependant vendre les minerais de Minas Rio avec une prime de 5 à 8 USD grâce à leur très bonne qualité. Anglo vendra à l’avance une partie de la production (hedging) au deuxième semestre.

Conclusion

Même après les réductions de valeurs enregistrées, Anglo American s’échange 25% sous sa valeur comptable. L’action est ainsi moins chère qu’au plancher du précédent cycle des matières premières en 1998. La crainte d’une réduction du dividende n’y est bien entendu pas étrangère. Vu la valorisation très faible, nous relevons la note.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating: 1B

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