Anglo American

De mal en pis

12,66 GBP – 3C ↓

En avril, Mark Cutifani, l’ancien homme fort d’Anglogold Ashanti, a pris la succession de Cynthia Carroll à la tête d’Anglo American. Cutifani est aux prises avec un héritage difficile et on ne peut attendre de lui qu’il résolve tous les problèmes en trois mois. D’autant que ces problèmes sont pluriels, même si une grande partie d’entre eux concerne l’ensemble du secteur et pas spécifiquement l’entreprise. Anglo American produit du platine, des diamants, du cuivre, du nickel, du minerai de fer et du charbon. A peu près chaque département est confronté aux conséquences du ralentissement de la croissance économique en Chine, le principal débouché des métaux industriels au cours de la décennie écoulée. Ainsi la Chine prend-elle à son compte au moins 40% de la consommation mondiale dans chaque métal de base. La récente chute des cours des métaux peut être directement liée aux problèmes auxquels est confronté ce pays. En raison des lourds investissements consentis dans de nouveaux sites de production (notamment chez Rio Tinto, Vale et BHP Billiton), le marché du minerai de fer pourrait se trouver en surcapacité. Or ce minerai de fer représente 45% du bénéfice du groupe Anglo American. C’est nettement moins que chez Vale et Rio Tinto, mais la matière première n’en reste pas moins primordiale pour le groupe. Anglo connaît également son lot de problèmes sur son projet de minerai de fer de Minas Rio au Brésil. Sur le plan opérationnel, la construction de la mine avance conformément au calendrier après des retards dans la phase préliminaire. Le démarrage de la production est désormais prévu pour fin 2014. En revanche, les dépassements de budget persistants commencent à être inquiétants : de 4 milliards USD au départ, les dernières prévisions font déjà état de 8,8 milliards USD. Comme le minerai de fer, le charbon a vu son cours baisser significativement ces derniers mois. En raison de la surcapacité actuelle, la mine de charbon d’Aquila dans la province australienne du Queensland a été mise à l’arrêt pour une durée indéterminée. En 2011, le cours du charbon avait encore atteint un niveau record en raison de la forte demande d’acier et des inondations en Australie qui limitaient l’offre. Anglo American a produit 17,7 millions de tonnes de charbon au niveau du groupe en 2012, près d’un quart de plus qu’un an plus tôt. A cela s’ajoutent encore les problèmes en Afrique du Sud, où les troubles sociaux et les grèves ont entraîné une baisse de la production de platine l’an dernier. Au 1er trimestre aussi, la production de la filiale Anglo American Platinum (ou Amplats) a baissé de 2% à 583 000 onces troy. Amplats est de loin le premier producteur de platine au monde, avec une part de marché de près de 40% dans la production minière globale. Au terme d’une révision stratégique des actifs, Amplats avait décidé au début de l’année de réduire la production de 400.000 onces, soit 7% de la production globale. Après de fortes pressions politiques, la réduction de la production a été ramenée à 350.000 onces. Les actifs dans le diamant (filiale De Beers) font office de lueur d’espoir dans un contexte bien morose. Au cours de l’exercice passé, le bénéfice net ajusté au niveau du groupe a baissé de 29% à 924 millions USD. Cette année, il devrait à nouveau reculer d’environ 7%. Depuis le refinancement du début de l’année, la dette du groupe se monte à 8,6 milliards USD.

Anglo American affiche une perte de plus de 30% depuis le début de cette année. Parmi les grands producteurs de matières premières, seule Vale affiche une performance inférieure, en raison de sa très forte exposition au minerai de fer. Mais la plus grande diversification d’Anglo American ne lui apporte guère de protection dans la pratique. Outre la baisse des prix des matières premières, le groupe est pénalisé par sa forte présence en Afrique du Sud. La valorisation est entre-temps retombée à moins de 10 fois les bénéfices attendus pour cet exercice. Le rendement de dividende qui atteint désormais 4% et n’offre aucun répit à court terme. Le sentiment vis-à-vis des matières premières et des actions qui y sont liées est très négatif, et il n’est pas exclu que le cours évolue à nouveau vers son plancher de mars 2009. Dans ce contexte, il est préférable de différer tout nouvel achat. Nous abaissons l’avis à “conserver/attendre” (3C).

CONSERVER / ATTENDRE

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