Alcoa

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Ces dernières années, le spécialiste américain de l’aluminium Alcoa a opéré une conversion de ses activités qui lui a permis d’accroître sa rentabilité : à l’origine affineur et fondeur d’aluminium, il est devenu fournisseur de produits (semi-)finis à base d’aluminium. Alcoa a connu plusieurs beaux trimestres entre la fin 2013 et le début de cette année. Depuis le premier trimestre cependant, la situation s’est détériorée. L’action a perdu environ un tiers de sa valeur depuis janvier, mais par rapport au sommet de février, le repli est encore plus marqué. La principale raison tient au rallye des prix des métaux de base, qui était voué à durer peu de temps. En mai, le prix de la tonne l’aluminium semblait en passe de franchir le cap des 2000 USD, mais il n’y est finalement pas arrivé. L’impact du dollar vigoureux, du ralentissement de l’économie chinoise et de la hausse des exportations chinoises a ramené le prix de l’aluminium sous 1700 USD, soit moins que le niveau du début de l’année. Les primes physiques ont également implosé. Ces primes sont plus élevées que le prix auquel l’aluminium s’échange sur le London Metal Exchange (LME) et le Shanghai Futures Exchange (SHFE). Ces derniers mois, nous avons indiqué à plusieurs reprises que ces primes élevées devraient tôt ou tard baisser, et c’est ce qui s’est effectivement produit. Les primes pour livraison physique devaient ce niveau élevé à la pénurie artificielle, elle-même due principalement à l’utilisation de l’aluminium en gage des accords de crédit. Cette technique n’a presque plus cours désormais. En conséquence, la prime moyenne en Europe sur base annuelle a baissé de 48%, et de 36% aux Etats-Unis. En 2015, les primes ont même baissé de 65% en moyenne. Ce ” bonus ” constituait une source de revenus supplémentaire importante pour des acteurs industriels tels qu’Alcoa, qui n’en bénéficie donc plus désormais. Au 2etrimestre, le prix moyen d’une tonne d’aluminium sur le LME a reculé sur base annuelle de 2,7%, à 1788 USD. Pour Alcoa, le prix de vente réalisé s’est élevé en moyenne à 2180 USD la tonne, soit 111 USD de moins qu’il y a un an et même 240 USD de moins qu’au 1er trimestre. Les résultats de la période comprise entre avril et juin n’étaient dès lors pas exceptionnels. Le bénéfice net ajusté (250 millions USD) était certes de 16% supérieur à celui qui prévalait un an plus tôt, mais de 31% inférieur au niveau du premier trimestre. Pour 2015, Alcoa anticipe un surcroît d’offre de 762.000 tonnes d’aluminium, soit le double de la précédente projection. Non seulement les prévisions de croissance ont été abaissées à 6,5%, mais il faut considérer également l’effet de la Chine, qui exportera cette année une quantité record d’aluminium. La transformation de son activité place Alcoa dans une position plus favorable malgré des prix de l’aluminium plus faibles, même si sa dépendance à ces derniers demeure élevée. Cette année, Alcoa prévoit de réaliser un cash-flow libre positif de 500 millions USD. Fin juin, sa dette nette totalisait encore 7,5 milliards USD ou 2,11 fois le cash-flow opérationnel (EBITDA).

Conclusion

Compte tenu de la baisse des estimations de bénéfice, Alcoa n’est finalement pas devenu meilleur marché. Le rapport cours/valeur comptable a cependant encore baissé, à 1,2. Ce chiffre est certes faible, mais pas exceptionnel dans le secteur minier. Dans la mesure où nous prévoyons une baisse ultérieure des primes physiques, nous ne voyons aucune hâte à acheter Alcoa. Pour l’instant, nous attendrions donc.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

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