33 millions pour les actionnaires de Resilux

Dirk Cuyper, CEO de Resilux, en 2012. © Belga

Depuis peu, nous savons ce qu’il adviendra des millions de la “guerre des sprays” : ils seront en grande partie reversés aux actionnaires par le biais d’une réduction de capital (fiscalement avantageuse). Concrètement, il s’agit d’un versement de 33 millions d’euros ou 16,30 euros par action, qui devrait survenir en septembre.

Tout est bien qui finit bien. Car il y a un an et demi environ, le producteur flamand de bouteilles et préformes PET dirigé par les frères De Cuyper avait fait couler l’encre. Le conflit opposait Resilux et le groupe helvético-néerlandais AirOPack Technology Group (ATG) appartenant au Néerlandais Quint Kelders. L’enjeu était le contrôle de la joint-venture AirOLux, fondée en 2009, société à l’origine de la technologie AirOPack. L’innovation de ce spray tient au fait qu’il utilise la technologie AirOPack AirOPack, une technologie révolutionnaire permettant de remplir des bouteilles en PET à air comprimé – et donc sans gaz propulseur (aérosols) – de liquides, de poudres, de gaz et de produits de viscosité moyenne à élevée (crèmes, mousses, gels). Finalement, ATG a racheté la part de Resilux. Au total, ce dernier a donc reçu 62 millions d’euros. La famille De Cuyper est ravie d’avoir pu sortir de cet accord de collaboration vu les pertes colossales accusées par ATG tandis que les actionnaires – elle-même en tête – reçoivent une indemnité. Ce qui signifie aussi que le groupe n’a pas l’intention de réaliser à brève échéance une acquisition substantielle.

En début d’année, le marché a appris que le mastodonte américain du capital-investissement Bain Capital (75 milliards de dollars d’actifs) avait lancé une offre de reprise conditionnelle sur Resilux (à 195 euros par action) pour le regrouper avec le groupe britannique Petainer. Fin mars, les Américains ont suspendu l’offre en concertation avec la direction de Resilux. D’éventuels obstacles posés par les autorités de la concurrence allemandes auraient pu donner lieu à un retard de plusieurs mois. Et les Flamands ne souhaitaient pas non plus perdre tout ce temps.

Dans l’activité PET traditionnelle, Resilux figure au sommet en Europe, et sur le plan technologique, l’entreprise de Wetteren est à l’avant-garde. On peut aussi déduire de la réduction de capital que Resilux opte résolument pour une croissance autonome : l’entreprise, sans dettes, commercialisera de nouveaux produits et se concentrera sur de petites acquisitions ciblées, locales. L’an dernier et cette année, Resilux a évidemment perdu du temps, ce qui fait craindre pour les chiffres du premier semestre, vu le solide premier semestre de 2016. Resilux pourrait cependant compenser au deuxième semestre, période moins bonne l’an dernier. Globalement, la valeur ajoutée (meilleur critère que le chiffre d’affaires en raison de l’impact important des prix des matières premières) a progressé de 3% (chiffre d’affaires en hausse de ” seulement ” 1%) en 2016, le cash-flow opérationnel (EBITDA) de 4,4% et le bénéfice opérationnel (EBIT) de 6%. Le résultat net est ressorti à 19,2 millions d’euros (+7% ou 9,6 euros par action). Du moins si on ne prend en considération que les activités ” classiques ” de Resilux. Au printemps, l’entreprise a réalisé une petite acquisition en Serbie (Borverk ; 7,1 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016).

Conclusion

Resilux met à nouveau l’accent sur la croissance, surtout organique. On peut s’attendre à de nouveaux produits, de nouvelles usines, et une ou plusieurs acquisitions (ciblées). À 7,5fois le rapport attendu pour cette année entre la valeur d’entreprise (EV) et l’EBITDA, l’action est sous-valorisée. En valorisant Resilux à 195euros par action, Bain Capital ne se moque pas de l’entreprise.

Conseil : digne d’achat

Risque : faible

Rating : 1A

Devise : euro

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 328 millions EUR

C/B 2016 : 5,5

C/B attendu 2017 : 15,5

Perf. cours sur 12 mois : +13 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +3 %

Rendement du dividende : 1,2 %

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