A la santé de l’Asie !

Nous avons souvent démontré de quelle façon les 2 milliards de bouches à nourrir supplémentaires d’ici à 2050 et l’évolution des habitudes alimentaires forceraient le secteur agricole à accroître sa production de 60 à 70%. Ce que nous n’avons pas encore précisé, c’est que nous sommes également appelés à boire davantage.

Nous avons souvent démontré de quelle façon les 2 milliards de bouches à nourrir supplémentaires d’ici à 2050 et l’évolution des habitudes alimentaires forceraient le secteur agricole à accroître sa production de 60 à 70%. Concrètement, cela implique un milliard de tonnes de céréales et 200 millions de tonnes de viande supplémentaire en 2050, comparés au niveau moyen de la période 2005-2010. En 2020, un hectare de terre agricole nourrira cinq personnes, au lieu de seulement deux en 1960. En revanche, ce que nous n’avons pas encore précisé, c’est que nous sommes également appelés à boire davantage. Dans le cadre de notre pari sur la consommation de la classe moyenne en plein essor, nous avons retenu d’un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qu’il existe bel et bien un lien entre la richesse et la consommation d’alcool.

Sur la base des chiffres de 2011, nous pouvons affirmer que la consommation mondiale d’alcool (pur) au niveau mondial s’élève à 6,13 litres par habitant (“tout le monde” à partir de 15 ans). Par alcool, nous entendons principalement bière, vin et spiritueux (boissons dites fortes comme le genièvre, le whisky, la vodka ou encore le gin). Un point d’attention important est cependant qu’environ 30% (1,76 litre) de ce total concerne de l’alcool illégal, souvent produit en cercles privés. Cet alcool illicite est surtout consommé dans le sud-est asiatique (69% (!) du total), au Moyen-Orient (56%) et en Afrique (31%). Autrement dit, les régions du monde où la consommation d’alcool est précisément inférieure. Les plus grands consommateurs d’alcool sont les Européens, avec une moyenne de 12,18 litres par habitant. Des 15 plus grands consommateurs d’alcool au monde, 13 sont des pays d’Europe, plus particulièrement d’Europe centrale et de l’Est. L’Europe est en outre le seul continent où un pourcentage significatif (26,4%) de la consommation totale d’alcool se compose de vin. Suivent alors les deux Amériques (8,67 litres), l’Afrique (6,15 litres), l’Asie du Sud-est (2,20 litres) et le Moyen-Orient (0,65 litre), où l’Islam explique en grande partie la consommation plus modérée de boissons spiritueuses.

Classe moyenne

Les deux principaux éléments de cette étude sont d’une part le constat selon lequel la consommation d’alcool dépend du revenu et d’autre part le fait que la part d’alcool illicite dans le total baisse à mesure qu’augmente le revenu. L’OMS a réparti les pays en quatre catégories (revenus faibles, classe moyenne inférieure et supérieure, et revenus élevés) et a conclu que la catégorie faible consommait en moyenne 2,97 litres d’alcool par habitant au-delà de 15 ans, 4,41 litres parmi la classe moyenne inférieure, 9,46 litres chez la classe moyenne supérieure et 10,55 litres au sein des revenus élevés. Une importante étape est donc franchie de la classe moyenne inférieure à la classe moyenne supérieure. Le pourcentage d’utilisation d’alcool produit illégalement dans le total baisse à mesure que le revenu augmente. Parmi les faibles revenus, cela représente encore près d’un litre sur deux (47,9%) d’alcool illégal, mais ce pourcentage baisse à 38,9% au sein de la classe moyenne inférieure, à 30,5% dans la classe moyenne supérieure et même à 11,2% parmi les hauts revenus. Là, il est manifeste que le repli le plus net concerne les revenus plus élevés.

Une société (occidentale) surfe sur cette tendance : le groupe français Pernod Ricard (lire Flash en page 8). Sur les continents émergents d’Asie et d’Afrique, les Français tentent de maintenir et de renforcer leur croissance déjà solide des dix dernières années au travers de marques solides.

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